Qui a éliminé le terroriste de la Fosse aux Lions ?

Le terroriste qui a péri dans l'explosion d'une bombe samedi soir dans la casbah de Naplouse était un des leaders de la Fosse aux Lions, cette organisation palestinienne qui défraie la chronique depuis quelques semaines. Agé d'une trentaine d'années, il avait purgé plusieurs peines d'emprisonnement en Israël pour activités terroristes, et était soupçonné d'avoir organisé plusieurs tentatives d'attentat, dont celui qui avait été enrayé à la dernière minute le mois dernier, grâce à la vigilance d'une patrouille de police à Jaffa. Aussitôt les Palestiniens ont accusé Israël et même les services de l'Autorité Palestinienne de l'avoir éliminé. Et l'organisation terroriste a promis des représailles. Depuis qu'elle est apparue, l'organisation de la Fosse aux Lions a déjà perpétré plus d'une dizaine d'attaques, principalement dans le nord de la Samarie, c'est-à-dire autour de Naplouse et a visé principalement des soldats mais aussi des civils israéliens. C'est ce groupe qui est responsable de la fusillade terroriste qui a coûté la vie au sergent Ido Baruch le 11 octobre dernier. Les accusations n'ont évidemment fait l'objet d'aucun commentaire côté israélien. Israël a déjà eu recours par le passé à des éliminations ciblées de terroristes. Qu'il s'agisse de leaders recherchés ou de terroristes en route pour commettre un attentat, ce que les services israéliens surnomment les "bombes en marche", nombre d'entre eux ont été visés par de telles opérations. On l'a vu dans la Bande de Gaza, avec des frappes chirurgicales de drones ou de missiles effectuées par l'aviation de Tsahal. La dernière en date remonte au début de l'été et avait visé un responsable local du Jihad islamique. En revanche ce type d'opérations n'a plus été utilisé depuis plusieurs années en Judée Samarie. Et surtout pas selon un tel mode opératoire. Les images enregistrées par une caméra de surveillance montrent un homme casqué garer la moto, puis repartir, avant le passage du terroriste un peu plus tard et l'explosion de la charge. On est donc dans une opération sans identification, qui fait plus penser à un règlement de comptes crapuleux ou à une élimination perpétrée à l'étranger par des services de renseignements comme celles attribuées au Mossad en Iran par exemple. Or, dans ce cas, on n'est pas derrière les frontières mais à Naplouse, où Tsahal intervient périodiquement dans des opérations d'arrestations de terroristes recherchés du Hamas ou du Jihad islamique. Le recours à une bombe contre un terroriste du groupe de la Fosse aux Lions ne s'explique pas vraiment. S'il était connu et localisé, il était possible de le neutraliser dans le cadre d'une intervention de Tsahal ou du Shin Beth. Dans le même temps, Israël a aussi demandé à l'Autorité Palestinienne de reprendre pied dans les agglomérations autonomes gangrénées par les organisations terroristes, alors que le gouverneur de Naplouse reconnaissait dernièrement que ses services avaient perdu le contrôle de la ville. Alors, s'agissait-il pour Israël d'agir en restant dans l'ombre pour ne pas affaiblir davantage l'Autorité Palestinienne ? Ou bien l'opération a-t-elle été menée par les services de l'Autonomie ? Au début du mois, le ministre de la Défense Benny Gantz rappelait qu'il était seul compétent pour autoriser une opération d'élimination ciblée et que cela n'entrait pas dans les pouvoirs du chef d'état-major de Tsahal. Le mystère reste entier sur les auteurs de l'élimination du terroriste de la Fosse aux Lions. Pascale Zonszain