Qui sont les terroristes de la "Fosse aux lions" ?

Encore une opération israélienne qui tourne à la guérilla urbaine. Le détachement de Tsahal qui a pénétré mercredi matin dans Jénine pour arrêter un commando de snipers palestiniens, déjà auteurs de plusieurs fusillades et qui s'apprêtaient à lancer de nouvelles attaques, a été accueilli par l'explosion d'une charge de forte puissance, puis une fusillade nourrie du commando terroriste. D'autres Palestiniens armés sont accourus en renfort et ont ouvert le feu et lancé des charges explosives sur les soldats israéliens en se faufilant parmi les civils non combattants qui leur servaient de bouclier humain. L'opération s'est achevée au bout d'une heure de combats, par la mort des 4 membres du commando palestinien et sans aucun blessé côté israélien. Ce mode opératoire est devenu la norme pour la quasi-totalité des interventions de Tsahal dans la ville palestinienne du nord de la Samarie. Et ces terroristes se revendiquent d'un nouveau groupe, baptisé la "fosse aux lions". On estime leur nombre à une centaine, affiliés à différentes factions, qu'il s'agisse du Hamas, mais aussi des brigades des Martyrs d'Al Aqsa du Fatah ou même du FPLP. Ce sont essentiellement le Hamas et le Jihad islamique qui financent ces commandos, leur donnant les fonds pour acheter des armes. Mais certains de ces terroristes financent eux-mêmes leur arsenal, car ils sont pour la plupart issus de la classe moyenne palestinienne. Et si leur affiliation est variée, leur profil est en revanche assez homogène : ce sont essentiellement des jeunes d'une vingtaine d'années, issus de la génération née après la seconde intifada des années 2000. Ce nouveau groupe a émergé dans la casbah de Naplouse, avant d'essaimer vers Jénine. Leur porte-parole présente le mouvement comme une "résistance à l'occupation israélienne", mais n'exclut pas d'agir aussi contre ceux qu'ils dénoncent comme des "collaborateurs" et prend comme référence aussi bien Yasser Arafat que des figures du Hamas. Le recrutement vise en particulier les fils de membres de l'appareil sécuritaire de l'Autonomie, misant sur le fait que leurs familles n'oseront pas agir contre eux. Et ce groupe de la "fosse aux lions" sait utiliser les réseaux sociaux pour augmenter sa visibilité et faire toujours plus d'émules. Ils postent notamment sur TikTok les vidéos de leurs attaques contre des positions de Tsahal ou des implantations israéliennes. Et leur popularité commence à grandir dans la rue palestinienne. Et c'est à une véritable course contre la montre que se livrent les forces de sécurité israéliennes, pour neutraliser ces commandos terroristes, comme celui qui a été éliminé mercredi à Jénine et qui préparait de nouvelles attaques, selon les alertes confirmées par les services de renseignement du Shin Beth et de l'armée. Contrairement à Naplouse, où les services de sécurité de l'Autorité Palestinienne ont recommencé à opérer depuis une dizaine de jours, à Jénine, c'est Tsahal seul qui doit combler le vide. Et vu les risques encourus par les soldats israéliens, le chef d'état-major Aviv Kochavi a donné son feu vert pour la reprise des éliminations ciblées, quand les arrestations se révèlent impossibles. Ces opérations devraient continuer dans les jours qui viennent. [playlist ids="179278"] Pascale Zonszain