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Le procès d’un Mohel circonciseur à la chambre criminelle de Pontoise depuis mardi sera-t-il le « me too» de la communauté juive ?

France.

Le procès d’un Mohel circonciseur à la chambre criminelle de Pontoise depuis mardi sera-t-il le « me too» de la communauté juive ?
(Crédit : Google Maps)
L’expression émane de Élie Korchia l’avocat qui accompagne les 4 parties civiles depuis 6 ans et qui est par ailleurs devenu le président du Consistoire de France il y a 18 mois. Une expression choc et originale mais qui pourrait s'avérer juste dans un procès aussi sensible, dont les faits relatés sont glaçants et font froid dans le dos. Rappelons par ailleurs que si le Consistoire, instance majeure et représentative du Judaïsme français, a pu être mis en cause dans cette délicate affaire, l'avocat a expliqué de façon claire et précise à la Cour criminelle que l’institution ne pouvait être tenue pour responsable des agissements des circonciseurs, puisqu'elle n'avait aucun pouvoir ni aucun lien hiérarchique avec eux, qui sont par nature totalement indépendants, comme c'était le cas durant plus de 30 ans de celui qui est sur le banc des accusés. La Cour présidée par le fameux juge Marc Trevidic apprend depuis mardi tout sur la circoncision et notamment sur que le mohel n’a pas le droit de faire : toucher n’importe quelle partie du corps de la femme selon la loi juive. Cette information est cruciale pour l’accusé qui se présentait souvent comme un médecin qu’il n’était pas. Chalom Gabriel Assouline, mohel réputé qui a officié en Île-de-France jusqu’en 2017, est jugé depuis mardi par la Cour criminelle du Val-d’Oise pour des agressions sexuelles et un viol à l’égard de quatre femmes qui lui avaient confié leur enfant entre 2010 et 2017. L’homme, âgé de 62 ans, bénéficiait d’une très bonne réputation dans la communauté parisienne et a réalisé jusqu’à 60% des circoncisions en Île-de-France. Pendant trente ans, son nom circulait ainsi largement par le bouche-à-oreille et il était recommandé par le Consistoire. Il se déplaçait à Paris et en Île-de-France pour pratiquer la brit mila, la circoncision rituelle des garçons juifs au huitième jour suivant leur naissance. En 2017, une vingtaine de femmes avaient raconté avoir subi des agressions sexuelles par le religieux, sous couvert de pratiques médicales, et plusieurs d’entre elles avaient porté plainte contre lui. Seules quatre plaintes sont restées valides, les autres ayant été frappées par la prescription. « C’était toujours le même modus operandi, soit avant la brit mila, lors de la visite de préparation, soit après, lors de la visite de suite » au domicile des jeunes mères, ont raconté des témoins évoquant des « pratiques pseudomédicales de ‘vérification’ du corps » des femmes. L’homme avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2017, après la plainte de plusieurs femmes. Ce père de huit enfants s’était alors exilé à Strasbourg (Bas-Rhin). Le Grand Rabbin de France Haim Korsia avait demandé des mesures conservatoires à son encontre. « Il avait un double ascendant sur les victimes, à la fois religieux et médical car il se présentait souvent comme chirurgien-dentiste », a expliqué au Parisien Me Elie Korchia, avocat des parties civiles. « Il ciblait le plus souvent des femmes connaissant peu ce type de pratiques ou celles avec des conjoints non-juifs. Elles étaient en état de vulnérabilité puisqu’elles venaient d’accoucher », a ajouté l’avocat, actuel président du Consistoire de France. Me Francis Metzger, avocat de Gabriel Assouline, affirme que son client « conteste avoir eu la moindre intention déplacée », citant pour preuve les « 9 000 à 10 000 circoncisions réalisées sans aucun problème ». Ce mardi les témoins (mamans dont les bébés ont été circoncis par Chalom Gabriel Assouline) défilent pour raconter les gestes très déplacés du Mohel. Certaines sont en pleurs lorsqu’elles expliquent que le pseudo-médecin leur demander de leur montrer leurs seins en s’arrangeant pour être seul avec la maman. Radio J va continuer à suivre ce procès tous les jours avec des reportages à l’antenne . Le mohel avait déjà été banni de certaines synagogues, comme celles de Sarcelles (Val-d’Oise), du Raincy (Seine-Saint-Denis) et des Tournelles (Paris 4e). « Le Consistoire n’a nullement autorité sur les mohalim, qui sont indépendants », a expliqué Elie Korchia. « Son nom circulait principalement par le bouche-à-oreille. C’est en 2017, une fois que ces femmes ont eu le courage de dénoncer les faits auprès de la police, que les langues se sont déliées. Mais aucune plainte pénale n’avait été déposée auparavant. » Les mohalim (pluriel de mohel en hébreu) sont une centaine en France et opèrent en grande majorité en région parisienne. Indépendants, non tenus de suivre une formation diplômante, ils n’ont pas de liens hiérarchiques avec les autorités religieuses. Les jeunes couples obtiennent souvent leur nom par le bouche-à-oreille ou en consultant leur rabbin. Le grand rabbinat de France a lancé en 2012 un groupe de travail pour encadrer et sécuriser leurs pratiques. Une Association française des mohalim a été créée en 2014. Chalom Gabriel Assouline n’en était pas membre. « Le Consistoire n’a nullement autorité sur les mohalim, qui sont indépendants », a expliqué Elie Korchia. « Son nom circulait principalement par le bouche-à-oreille. C’est en 2017, une fois que ces femmes ont eu le courage de dénoncer les faits auprès de la police. Mais aucune plainte pénale n’avait été déposée auparavant. » Gabriel Assouline encourt jusqu’à quinze ans de prison ; le verdict est attendu le 5 juin. Michel Zerbib

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