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Un drame sur la route peut-il servir au Hamas, par Pascale Zonszain

Israël.

Un drame sur la route peut-il servir au Hamas, par Pascale Zonszain
Pascale Zonszain.
Cela s'est passé samedi, dans le nord d'Israël. Un incident tristement banal : une dispute entre deux automobilistes pour une queue de poisson, qui tourne à la bagarre. Banal, jusqu'à ce que l'un des deux dégaine une arme, tire d'abord en l'air puis sur l'autre conducteur et le tue. La victime, âgée de 19 ans, habitait le village arabe israélien de Sandaleh. Une localité sans histoire, voisine du village de Gan Ner où résidait le tireur, un homme de 32 ans, réserviste de Tsahal et qui détenait un permis de port d'arme. En revanche, il était alcoolisé et son permis de conduire avait été suspendu. Les détails du drame ne sont pas encore tous connus, mais l'enquête continue et le tireur s'est rendu sans résistance. La localité de Gan Ner, comme sa voisine, est située en territoire israélien, sur les collines du Gilboa, c'est-à-dire à la frontière du nord de la Samarie. Ce qui explique que beaucoup d'habitants de la région circulent avec une arme. D'autant que la criminalité agricole et autres cas de racket font aussi partie de la réalité ambiante. Mais cet incident tragique s'inscrit aussi dans un contexte particulier de violence qui traverse différents secteurs et segments de la population. Depuis le début de l'année, on a enregistré en Israël plus de 90 cas d'homicides, dont plus des trois quarts dans le seul secteur arabe. Le problème n'est pas nouveau, mais le nouveau gouvernement ne parvient pas plus que ses prédécesseurs à l'enrayer. Parallèlement, la menace terroriste ne donne pas non plus de signe d'accalmie. Qu'il s'agisse des attentats qui ont frappé récemment en Judée Samarie, à Jérusalem et même à Tel Aviv, ou bien des tirs de roquettes du Jihad islamique et du Hamas contre l'ouest du Néguev la semaine dernière, le climat sécuritaire reste donc toujours tendu. Et on a vu au cours des derniers mois, et notamment durant la période du Ramadan, comment le Hamas a exploité à peu près tous les facteurs de tension pour alimenter sa propagande d'incitation à la violence, qui cible aussi bien les Palestiniens, les Arabes israéliens ou les Arabes de Jérusalem. Qu'il s'agisse du Mt du Temple ou, comme la semaine dernière, de la mort d'un détenu palestinien décédé d'une grève de la faim, tout est bon à prendre. Et le Hamas n'a donc pas laissé passer non plus cette tragédie de la violence routière. Utilisant le même langage que lors de morts palestiniens dans des affrontements avec Tsahal, l'organisation terroriste tente de transformer une affaire de droit commun en événement nationaliste. La victime arabe israélienne est présentée comme un "shahid", un "martyr" et le Hamas affirme encore que "le peuple palestinien ripostera par la force aux crimes d'occupation des colons" et appelle les Arabes israéliens à "affronter les colons pour venger un crime ignoble". Une rhétorique extrêmement violente où le Hamas n'hésite donc pas à faire feu de tout bois et à instrumentaliser tous les événements susceptibles de servir ses plans. Lors des obsèques dimanche, du jeune Arabe israélien, on a entendu des appels à venger sa mort, avec dans le cortège, des drapeaux palestiniens, mais aussi du Mouvement islamique. La priorité est donc de calmer les esprits et de faire retomber la fièvre, avant que l'incident ne dégénère en quelque chose de plus grave. Car le Hamas ne désespère pas de raviver les émeutes qui avaient secoué des villes israéliennes à population mixte, il y a tout juste, deux ans. © Pascale Zonszain

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