Un journaliste américain arrêté pour "espionnage" en Russie

« La main dans le sac »

Un journaliste américain a été arrêté en Russie pour «espionnage», selon la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Evan Gershkovich, collaborateur du Wall Street Journal à Ekaterinbourg aurait été pris, selon elle, «la main dans le sac». Selon les médias russes, le journaliste serait actuellement détenu à Ekaterinbourg, une ville située à plus de 1700 kilomètres à l'est de Moscou, dans les montagnes de l'Oural.

Qui est Evan Gershkovich?

Le journaliste travaillait depuis plus d'un an en Russie pour le Wall Street Journal et enquêtait notamment sur le groupe Wagner et son action en Ukraine. Evan Gershkovich avait travaillé par exemple sur les relais du chef de la milice Prigojine dans les milieux de pouvoir au Kremlin. «Le FSB a déjoué l'activité illégale du correspondant accrédité du bureau moscovite du journal américain Wall Street Journal, le citoyen des États-Unis Evan Gershkovich», a indiqué le FSB qui l'accuse d'avoir collecté des informations «sur une entreprise du complexe militaro-industriel» russe.

Réaction américaines

Le quotidien américain a «réfuté avec véhémence» jeudi les accusations d'espionnage portées par Moscou contre son journaliste et «demande la libération immédiate d'Evan Gershkovich, un journaliste fiable et consciencieux», a déclaré Wall street dans un communiqué. «Nous sommes solidaires d'Evin et de sa famille». Russophone, le journaliste de 31 ans, d'origine russe, avait précédemment travaillé à l'Agence France-Presse à Moscou. Il avait également collaboré au journal anglophone Moscow Time après un passage au New York Times, a aussi précisé le quotidien new-yorkais. Aucun journaliste occidental n'était détenu jusque-là en Russie. La France a exprimé son inquiétude, appelant Moscou à respecter la liberté de la presse. « Nous sommes particulièrement inquiets et nous avons eu l’occasion de condamner l’attitude répressive de la Russie » que ce soit à l’égard de la presse russe ou de la presse étrangère, a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, lors d’un point presse.

Un échange de prisonniers derrière l’arrestation ?

Selon les spécialistes, le FSB aurait pu prendre le journaliste « en otage » en vue d’un éventuel échange de prisonniers. Mais pour Moscou, il est trop tôt pour évoquer cette possibilité.  Des échanges russo-américains ont eu lieu à quelques reprises ces dernières années. Plusieurs Américains sont encore détenus en Russie, dont l’un, Paul Whelan, purge une peine de 16 ans de prison pour « espionnage » dans une affaire que l’intéressé et Washington jugent montée de toutes pièces. Il a été arrêté en 2018 et des négociations sont en cours depuis plusieurs années pour le faire libérer. Le dernier échange en date entre Moscou et Washington a eu lieu en décembre lorsque la Russie a remis la basketteuse américaine Brittney Griner, détenue pour trafic de drogue, contre la libération du trafiquant d’armes Viktor Bout incarcéré aux États-Unis. Michel Zerbib