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Réforme judiciaire : la diaspora juive de gauche se mobilise contre le gouvernement de Jérusalem

Culture.

Réforme judiciaire : la diaspora juive de gauche se mobilise contre le gouvernement de Jérusalem
(Crédit : capture d'écran)
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire contemporaine que des mouvement juifs de la diaspora prennent part au débat sur les grandes questions qui concernent l’avenir de l’Etat d’Israel comme ce fut le cas lors du processus de paix et des accords entre Israël et l’OLP des années 1990. De façon générale cependant  la diaspora juive évite de commenter la politique israélienne. Mais cette fois, les organisations pro-israéliennes de gauche commencent à s’impliquer en Europe et aux Etats-Unis. Des associations et de personnalités juives qui justifient cette immixtion par le fait qu’ils s’inquiètent de « la dérive d’un Etat qu’elle considérait jusqu’alors comme une démocratie à toute épreuve ». Ainsi JCall, le réseau juif européen pour Israël et pour la paix, et le CCLJ, le Centre communautaire laïc juif, vont ainsi lancer ce lundi soir au Parlement européen, à Bruxelles, un appel à «sauver la démocratie israélienne».

«  Sauver le démocratie israélienne » de « la coalition d’extrême droite »

«En 2010, nous lancions un 'Appel à la raison' pour exprimer notre inquiétude face à l’enlisement du “processus de paix” et les menaces qu’il faisait peser sur la survie même d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, écrivent les deux organisations dans un communiqué. Treize ans plus tard, nos pires pronostics se matérialisent sous nos yeux et l’inquiétude s’est muée en angoisse. La coalition d’extrême droite issue des élections du 1er novembre dernier démolit non seulement toute chance de règlement du conflit israélo-palestinien, mais les fondements même de l’Etat de droit israélien. Ce que les saboteurs n’ont pas prévu, c’est la vigueur de la réaction de la société civile. Ce puissant mouvement de résistance civique, nous devons le soutenir de toutes nos forces», peut on encore lire dans cet appel politique plutôt marqué à gauche en diaspora.

Des personnalités juives pro-israéliennes comme Alain Finkielkraut ou Robert Badinter

Seront présents à Bruxelles pour soutenir cet appel, des personnalités comme le philosophe Alain Finkielkraut, le député européen Bernard Guetta, l’historien et ancien ambassadeur, Elie Barnavi, la journaliste Anne Sinclair et, par vidéo, l’ex-ministre français de la Justice et ex-président du Conseil constitutionnel Robert Badinter, le président du conseil de surveillance de Publicis Maurice Lévy, l’ex-ministre israélienne de la Justice et des Affaires étrangères Tzipi Livni et l’ex-membre du Conseil constitutionnel en France Dominique Schnapper.

« Une gifle lancée aux Juifs du monde entier », clame Anne Sinclair

«On se mobilise pour les Ukrainiens ou la démocratie américaine et l’on se tairait devant ce projet de réforme du gouvernement Netanyahou qui est une mise à bas du système judiciaire en Israël ? A expliqué dimanche Anne Sinclair dans le quotidien Libération. On ne peut pas rester les bras croisés devant ce qui se passe en Israël. Quand en Israël on entend parler de pogrom, c’est une véritable gifle lancée aux Juifs du monde entier et au judaïsme lui-même. Le salut viendra de la mobilisation de la société civile israélienne mais nous, nous devons être là pour les soutenir.»

« Le Crif ne prend pas de positions politiques françaises mais sur Israël oui …

Alors il faut croire que le problème est crucial pour que le nouveau président du CRIF lui-même, Yonathan Arfi a osé alarmer sur la fragilité de la démocratie en Israël. En termes certes pesés et prudents la critique du CRIF a surpris l’opinion tant l’organisme politique représentatif de la communauté juive de France a toujours pris des positions plutôt « inconditionnelles de soutien à l’ Etat hébreu et son président explique :«Elle s’affaiblit lorsque l’Etat de droit est débordé par une minorité lors des inacceptables violences à Huwara en vengeance de l’attentat commis quelques heures plus tôt. Elle s’affaiblit aussi lorsque surgissent des discours populistes, stigmatisants et haineux dans le débat public israélien et ce, jusque dans les propos de certains ministres en poste. Ils ne sont acceptables dans aucune démocratie.» Plus coutumière est la position de Ilan Rozenkier, membre de La Paix Maintenant selon lequel, «un Israël illibéral, état bananier promouvant des lois personnelles privilégiant les politiques et leurs copains, n’est pas, n’est plus l’Israël que nous connaissions.» Pour une partie non négligeable de la communauté juive de l’hexagone cependant il ne convient pas « que la diaspora vienne jeter de l’huile sur le feu » et permette à des organisations juives de diaspora de «  s’immiscer » dans le conflit interne en Israël au nom d’une solidarité inconditionnelle nécessaire pour un pays en guerre . Après tout commente un militant sioniste à Paris « le CRIF ne critique le gouvernement Macron ni ne prend de position sur le gros conflit des retraites en France ». Le débat en diaspora manifestement ne fait que commencer. Michel Zerbib

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