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Procès de l'attentat de Nice : des surprises en perspective dans les peines attendues, chronique de notre envoyé spécial Michel Zerbib

France.

Au termes de près de quatre mois d’ audience, le procès de l’attentat terrible de Nice le 14 juillet 2016 a pris fin ce lundi. Les accusés ont prononcé leurs derniers mots comme le veut le code pénal avant que la Cour ne sertir pour délibérer. Un verdict, selon les observateurs qui pourrait réserver quelques surprises et décevoir les parties civiles. « Les débats sont terminés. L'audience reprendra mardi à 17h » avec l'annonce du verdict, a conclu le président de la cour Laurent Raviot ce lundi. La cour s'est ensuite retirée dans un lieu tenu secret en région parisienne. Elle devra répondre à 81 questions sur la culpabilité des accusés et les éventuelles circonstances aggravantes qui peuvent leur être reprochées. Ce sont cinq magistrats professionnels de ce tribunal spécialement composé qui vont s’atteler à la tâche.

Avez vous quelque chose à ajouter pour votre défense?

Comme le veut le procès aux assises, les accusés ont le droit de dire un dernier mot devant la cour. "Je suis coupable d'avoir vendu une arme, sans y réfléchir. Et depuis, ça fait plus de six ans que j'arrête pas d'y réfléchir. J'espère que vous l'avez entendu", a déclaré l'un des trois accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste (AMT), Ramzi Arefa. Chokri Chafroud, Tunisien de 43 ans, poursuivi pour le même crime, n'a pas souhaité pioncer un seul mot. "Je suis pas un terroriste, j'ai rien à voir avec ce qui s'est passé", a une nouvelle fois clamé Mohamed Ghraieb, Franco-Tunisien de 47 ans, ajoutant avoir "confiance dans la justice".

Le Pnat a requis des peines d’emprisonnement moins fortes qu’attendues

Le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis quinze ans d'emprisonnement contre les trois hommes, tout en demandant l'abandon de la qualification "terroriste" contre Ramzi Arefa, estimant qu'il "ne pouvait connaître la radicalisation" du tueur au camion dans la mesure ou ils se connaissaient très peu. Arefa a perdu le T de l’AMT(association de malfaiteurs terroriste). Le jeune Niçois a reconnu avoir fourni un pistolet à l'assaillant, qui s'en était servi pour menacer des gens qui avaient tenté de l'arrêter et tirer sur des policiers.

Le grand absent de ce procès historique

Le Tunisien Mohamed Lahouaiej Bouhlel, auteur de l'attentat au camion-bélier qui a fait 86 morts et plus de 450 blessés le soir du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais, a été le grand absent du procès même si son nom a été prononcé à chaque audience depuis le 5 septembre. Le terroriste avait été abattu au terme de sa course meurtrière de 4 minutes et 17 secondes qui a semé la mort ce jour là. Selon le Pnat, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud, 43 ans ont certes "commis des faits moins incriminants", mais "ils savaient, à la différence de Ramzi Arefa, que Lahouaiej Bouhlel était en mesure de commettre un attentat". Les trois hommes encourent vingt ans de prison.

Personne n’était accusé de complicité avec le terroriste…

Aucune des huit personnes jugées ne l'est pour complicité avec le tueur. Les cinq autres accusés sont jugés pour des délits de droit commun relatifs à la législation sur les armes. Les quatre présents, trois hommes et une femme de nationalité albanaise, ont tous eu des mots de compassion pour les victimes et dit espérer de "la justice française la condamnation que les accusés méritent".

Il y aura des frustrations du coté des victimes

Le Pnat a réclamé à leur encontre des peines comprises entre deux et dix ans de prison. "Il y aura des frustrations, c'est inévitable", avait prévenu le parquet aux quelque 2.500 parties civiles constituées. L'avocate générale Alexa Dubourg avait tenu a expliquer que le procès ne compenserait pas la douleur "immense, insondable" des endeuillés et des rescapés qui, durant cinq semaines, ont raconté à la cour, de façon souvent déchirante, "l'horreur" du 14 juillet 2016. Car "juger toutes les responsabilités ne veut pas dire faire porter le poids de l'absent aux accusés. Ce qui sera juste, c'est que les peines soient adaptées à la responsabilité de chacun", avait encore affirmé la magistrate du Pnat. Certains avocats de parties civiles ont été plus sévères que l’accusation et ont réclamé que les accusés prennent "le maximum". D'autres ont laissé entendre qu’un avocat des familles de victimes ne devait pas se muer en procureur mais seulement représenter les familles. "Certains avocats de parties civiles sont convaincus de la culpabilité des accusés, d'autres moins, d'autres pas du tout", a dit notamment Me Claire Josserand-Schmidt avocate de victimes. Une position qui a été, semble t-il, la position adoptée par une grande partie de la presse qui a couvert les débats . Le journal Le Monde par exemple aura donné la parole à des avocats « dissidents » comme Maitre Eleonore Dupleix que vous entendiez sur Radio J la semaine dernière. "On doit être condamné pour ce qu'on a fait, pas pour autre chose: aucun homme ne peut être condamné pour absorber la douleur", a plaidé  Aurélie Cerceau une autre avocate de la partie civile.

La défense plaide l’acquittement pur

Du côté de la défense, les avocats ont mis en garde contre "le risque d'une erreur judiciaire". Les avocats de Mohamed Ghraieb et de Chokri Chafroud ont plaidé leur acquittement, fustigeant des preuves d'une "pauvreté manifeste". Michel Zerbib, envoyé spécial de Radio J au procès de l'attentat de Nice

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