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Procès de l’attentat de Nice : suite de l’interrogatoire de Ramzi Arefa qui a fourni une arme au terroriste, chronique de notre envoyé spécial Michel Zerbib

France.

J'étais un petit con égoïste qui se prenait pour un caïd a redit ce mercredi 16 novembre au Procès de l’attentat meurtrier de Nice. En état de récidive légale, il est le seul accusé de ce procès à encourir la peine de perpétuité. Depuis lundi la Cour essaye de savoir quel rôle précis a joué Arefa qui jure de n’être pas terroriste mais un droit commun.

La drogue entre les deux hommes au début

C'est le trafic de drogue qui va mettre ce jeune dealer sur la route de Mohamed Lahouaiej Bouhlel en octobre 2015. A sa sortie quelques mois plus tard, il devient le fournisseur en cocaïne et cannabis de celui qu'il surnomme "Momo". Ce client passe toutes les semaines au taxiphone des frères Arefa, finit par demander à son dealer de lui procurer une arme au printemps 2016. Après avoir tenté de l'"escroquer" en lui vendant une arme factice, Ramzi Arefa accepte finalement  et lui trouve un pistolet pour 1 400 euros.

La Kalachnikov?

Le jour de la "transaction", le 13 juillet, Ramzi Arefa récupère également une kalachnikov qu’il cache dans une cave de son immeuble et il dément avoir eu l'intention de la vendre au terroriste. "L'objectif était de faire le max d'argent. J'étais un petit con, j'avais 21 ans, j'étais un peu égoïste, je me posais pas trop de questions. Et aujourd'hui, quand j'y repense, j'en ai honte."

Bouhlel voulait compromettre son entourage selon le SDAT

Après l'attentat, les enquêteurs arrivent rapidement jusqu'à Ramzi Arefa, car Mohamed Lahouaiej Bouhlel a laissé des indices volontairement ou non. Dans le  téléphone du terroriste retrouvé dans le camion, plusieurs SMS mentionnent  les noms des trois principaux accusés. Fin octobre, un enquêteur de l'antiterrorisme a estimé devant la cour que Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait ainsi "tenté de compromettre son entourage". Pendant sa garde à vue de cinq jours, Ramzi Arefa est "dans un véritable état de panique". Lors de la perquisition chez sa mère, où il vivait encore, les enquêteurs ont mis la main sur onze téléphones, 185 grammes de cocaïne et 1 600 euros en liquide. En garde à vue, Ramzi Arefa passe son temps à "jurer sur la vie de sa mère" qu'il ne connaît pas "Chokri et ses amis", qu'il ne "comprend pas" les messages de Mohamed Lahouaiej Bouhlel. "Il répétait :  Interrogé sur les attentats commis sur le sol français depuis début 2015, il traite les auteurs de "connards, de fous, de gros connards". « crimes contre l’humanité » Ramzi Arefa répète à l’audience, qui ne connait rien à la religion : "Depuis que je suis tout petit, on m'a dit : 'Tu es musulman'. Mais je sais pas à quoi ça correspond."

Pas radicalisé et pas copain du terroriste

Sur  Mohamed Lahouaiej Bouhlel, Ramzi Arefa réaffirme n'avoir rien perçu de particulier : "Je ne savais pas qui il était, je n'ai jamais bu un café avec lui, ce n'était pas un ami. Si j'avais su que j'avais affaire à un meurtrier, je n'aurais jamais tenté de l'escroquer." Quand ce dernier lui commande une arme, l'accusé affirme avoir pensé qu'il voulait "frimer devant ses copains et copines. Je me suis dit : 'C'est un bluffeur'". Ces six années passées en détention provisoire, ont permis à Ramzi Arefa d’avoir beaucoup "réfléchi". Il sera transféré de Fleury-Mérogis à Toulon après un rapport favorable du QER (Quartier d'évaluation de la radicalisation), qui n'a perçu "aucun facteur de risque lié à une radicalisation violente".

« Reprendre mes études et être un type bien »

En prison, son statut de terroriste lui cause des soucis  "Je dois me battre pour tout : une activité, aller au sport, pour mes cantines... Tout le temps, je suis sous tension", confie l'accusé. Ramzi Arefa veut "reprendre des études de marketing" pour "devenir entrepreneur", comme son père.  "Quand j'étais jeune, je voulais briller. Je veux me faire plus petit, travailler, que mes parents soient fiers de moi." L'accusé dit préférer être condamné "à une lourde peine pour la vente de l'arme plutôt qu'à une peine légère avec la qualification terroriste". La cour et les parties continuent ce mercredi de l’interroger. Michel Zerbib, envoyé spécial pour Radio J au procès de l'attentat de Nice

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