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Procès de l'attentat de Nice : le témoignage d'un héros ordinaire ce mercredi au Palais de Justice

France.

Le procès de l’attentat du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, à Nice, s’est ouvert devant la cour d’assises spéciale de Paris le lundi 5 septembre. Il doit durer jusqu’au 16 décembre. Le conducteur du camion qui a foncé dans la foule, faisant 86 morts et 318 blessés, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, a été abattu par les forces de l’ordre. Huit autres personnes - sept hommes et une femme, accusés de l’avoir aidé dans son projet - sont jugées, mais seuls trois d’entre eux comparaissent pour des faits de terrorisme.

Des témoignages à faire pleurer comme pour le Bataclan

Les témoignages des parties civiles ont débuté cette semaine et ils sont toujours aussi poignants comme ceux du patron de discothèque qui a organisé un véritable hôpital de guerre dans son établissement sur la Promenade, secourant près de 90 blessés ce soir là et dont nous parlions mardi (cf reportages sur Radio J) mais aussi des témoignages déchirants de parents qui ont perdu leurs enfants ce soir là et qui ne peuvent s’en remettre psychologiquement comme ceux de la famille Borla venue ensemble témoigner pour la petite Laura 13 ans qu’ils auront cherché en vain pendant deux jours. Le Tribunal a été impressionné par ces récits qui disent la difficulté de se « reconstruire ». Des parents, remplis de culpabilité, qui pendant des années ce deuil les avait conduits aux portes des hôpitaux psychiatriques. Comment oublier ? Comment survivre ?

« Vous ne m’avez pas mis à genoux »

Jacques Borla dira à la fin de son témoignage bouleversant : "Je suis un papa démoli depuis 6 ans, depuis la mort de ma fille. J'ai des angoisses, je ne dors pas, je parle avec elle sur la terrasse. J'arrive plus à aller au cimetière, quand j'y vais j'ai l'impression de faire un chemin de croix." Ce père en deuil conclura à l’adresse des accusés : "Je voudrais dire à celui qui a fait ça que l'amour de ma famille et celui de Laura est plus fort que tout. Vous ne m'avez pas mis à genoux. Ma famille et moi, nous avons vaincu."

L’autre témoignage de la journée : Gilles Gambéri , l’un des héros qui a tenté de stopper le tueur du camion

« Sur le coup, j’ai pensé à un accident de la route. Jamais je n’ai pensé à un acte terroriste ». Au moment où le camion passe devant lui, Gilles Gamberi pense que le conducteur a fait un malaise. Il s’élance vers le poids lourd et veut couper le contact pour stopper le véhicule. Mais en montant sur le marchepied, cet ancien cheminot à la retraite, trouve une arme braquée sur lui. C’est l’arme de Mohamed Lahoueij Bouhlel, le conducteur terroriste du camion qui a foncé sur la foule.

L’autre héros de Nice

Celui que l’on a surnommé « l’autre héros de Nice » a raconté à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris comment il a tenté de stopper le terroriste ce 14 juillet 2016. Ce soir-là, Gilles Gamberi s’arrête sur la promenade des Anglais pour écouter un concert avec des amis. Mais quelques minutes plus tard, un gros bruit le dérange. « Au moment où je me suis retourné, j’ai vu une masse blanche, je me suis projeté sur la chaussée ». Il voit des dizaines de corps au sol.

Il va se battre avec le chauffeur

Gilles se lance sans réfléchir à la poursuite du camion, monte sur le marchepied pour essayer d'ouvrir la porte par la vitre baissée de la fenêtre. Ce qu’il voit, c’est l’arme du terroriste. « Là, c’était l’effroi. J’ai saisi la main, mais je n’ai pas réussi à la désarmer », dit il  en revivant le geste. Il frappe à plusieurs reprises le bras de Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Mais l’homme résiste. Gilles tente ensuite d’ouvrir la portière mais n’y parvient pas. Puis, Gilles Gamberi se jette à terre pour se mettre à l’abri. Au même moment, il entend deux coups de feu. « Ça s’est passé en dix secondes », poursuit-il  avant d’ajouter : « Je ne sais pas ce qui m’a pris ». Alors que le camion poursuit sa course meurtrière, l’ancien cheminot de la SNCF croise un policier qui arrive en courant. « Je lui dis que j’ai entendu des coups de feu, mais que je ne sais pas si c’est le conducteur qui a tiré ». Si Gilles Gamberi n’a pas vu le visage du terroriste mais il décrit au fonctionnaire sa position dans la cabine. Un témoignage qui sera déterminant pour permettre aux forces de l’ordre de mettre fin au massacre.

Scènes de désolation : les survivants s’improvisent secouristes

Gilles remarque alors des dizaines de corps jonchent le sol. Des morts. Des personnes grièvement blessés, appellent à l’aide. Avec plusieurs survivants, Gilles Gamberi tente de donner les premiers soins. « On a essayé pendant très longtemps d’aider les gens. » Certains restaurateurs de la promenade des Anglais lui apportent des serviettes et des torchons. « On fait des points de compression, des garrots. »

Le héros qui n’avait pas réalisé tout de suite le carnage

Enfin l’ancien cheminot qui était un adepte des sports extrêmes en montagne (ça sera d’un grand secours) est évacué du secteur par les forces de l’ordre. « A ce moment-là, il n’y a pas un bruit, les rues sont désertes. On entendait juste les hélicos qui amenaient ou venaient chercher des victimes », raconte -t-il . Il n’a toujours pas pris la mesure de ce qui vient de se passer. « C’est en regardant les infos que je me suis rendu compte de l’énormité de la situation. Je n’ai vu personne se faire heurter. C’était flou, c’est peut-être ce qui m’a permis de m’en sortir » et ne pas sombrer physiquement et psychologiquement. Six ans après, le retraité de 71 ans  aujourd’hui se pense « guéri ». Il a été suivi psychologiquement et a repris les sports qu’il pratiquait avant l’attentat. « Et j’ai une nouvelle compagne avec qui une nouvelle vie a commencé », sa conclusion sera le seul moment heureux de cette journée de témoignages terribles. Michel Zerbib, envoyé spécial de Radio J au procès

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