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Attention à la levure de riz rouge, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Attention à la levure de riz rouge, la chronique du docteur Serge Rafal
Les statines, une des molécules les plus vendues dans le monde, constituent une classe thérapeutique, apparue à la fin des années 80. Elles réduisent de 15 à 30% la synthèse hépatique du mauvais cholestérol (LDL), dont les dépôts sur la paroi des artères réduisent le flux circulatoire et peuvent déclencher ou favoriser un problème cardio-vasculaire (IDM, AVC). Ces médicaments sont très efficaces en prévention cardiaque 2aire (après un accident) et restent discutés par certains en prévention 1aire. Ils sont généralement bien tolérés même s’ils sont loin d’être totalement anodins. Ils possèdent en effet une polarité musculaire et peuvent être responsables d’une complication parfois sévère, la rhabdomyolyse. C’est pourquoi le moindre symptôme musculaire impose le dosage sanguin d’une enzyme presque spécifique, la CPK ou créatine-phospho-kinase, dont l’augmentation impose l’arrêt du traitement. Les statines peuvent aussi être responsables d’effets indésirables + ou - ennuyeux (maux de tête, vertiges, crampes, raideurs, faiblesse, allergie cutanée, oedèmes) dans les jours ou les semaines qui suivent leur instauration, ce qui explique que des patients, inquiets, gênés ou ennuyés, se tournent vers des produits naturels comme la levure de riz rouge. Il s’agit d’un champignon microscopique, cultivé en Chine depuis des siècles, longtemps utilisé comme colorant alimentaire et ingrédient pour la préparation de nombreux condiments (légumes marinés, sauces). Fermentée, cette levure, récoltée et séchée, riche en amidon et en isoflavones (comme le soja), contient des quantités malheureusement variables de substances particulières, les monacolines… qui font en réalité partie de la famille des statines. La prescription de levure rouge doit donc se faire avec prudence, comme avec n’importe quel médicament, en surveillant tout particulièrement le foie et les muscles, pour les raisons que nous venons d’évoquer.  Cela impose strictement les mêmes précautions qu'avec les statines alors que les patients pensent utiliser un produit naturel donc anodin. L’Anses recommande d’ailleurs de ne pas prescrire la levure chez la femme enceinte ou en âge de procréer, les personnes qui souffrent de troubles hépatiques ou musculaires, les enfants, les ados, les hypothyroïdiens, les insuffisants rénaux… et de bien vérifier les incompatibilités médicamenteuses, ce que nous faisons nous en consultation. Encore faut-il qu’il y ait un suivi médical. Ce qui n’est pas toujours le cas puisque cette substance est vendue en (para)pharmacie. Un nouveau règlement est entré en vigueur au mois de juin 2022 afin de mieux encadrer l’utilisation de la levure dans les aliments et les compléments alimentaires. C’est ainsi que la consommation de 10 mg de monacoline de levure de riz rouge, susceptible de présenter un risque pour le consommateur est interdite, et des recommandations sont à présent formulées pour limiter les produits à 3 mg/jour. La levure de riz rouge constitue un des actifs naturels les plus efficaces et les plus documentés de la littérature médicale. Même si un proverbe français nous dit que « La nature fait bien les choses », naturel n’est pas synonyme d’innocuité, certains remèdes de grand-mères sont en réalité dangereux (huiles essentielles, tisane de camomille ou de réglisse, le gras sur une brûlure, un verre de lait en cas d’empoisonnement). Et si la levure de riz rouge est d’origine naturelle, elle n’en reste pas moins une statine, avec toutes les précautions d’emploi que requiert cette classe thérapeutique. https://youtu.be/D4dNEgAgKuA Docteur Serge Rafal

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