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Perpétuité incompressible pour Abdeslam : "C’est ici la justice et le droit qui ont le dernier mot", la chronique de Michel Zerbib

France.

Perpétuité incompressible pour Abdeslam : "C’est ici la justice et le droit qui ont le dernier mot", la chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Déjà un parfum presque nostalgique de fin de procès que nous avons vécu vendredi avec les victimes et des avocats comme chaque jour lorsque nous nous retrouvons. La parole va revenir désormais à la défense pour deux semaines en effet. En attendant replongeons nous dans la salle d’audience ,comble à cette occasion, du Palais de Justice comme si vous y étiez :

Nous sommes au moment l’avocate générale se lève. Avant de requérir le quantum des peines réclamées, Camille Hennetier revient sur les accusés. Elle évoque leur radicalisation, mais aussi la "taqîya", concept de dissimulation visant à camoufler une pratiquer radicale de l'islam et des projets terroristes. 

"On se dissimule aux autorités" mais "pas à son entourage", ajoute-t-elle. L'avocate générale entend montrer que certains des accusés n'ignoraient rien de la radicalisation d'autres protagonistes du dossier, dont il a beaucoup été question au cours de ce procès. 

Et notamment au sujet des frères El Bakraoui, Ibrahim et Khalid. Considérés comme les logisticiens en chef de la cellule djihadiste, ils sont morts en kamikazes lors des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. La cour a longuement cherché à savoir ce que savaient plusieurs des accusés de leur radicalisation. 

L’avocate générale comme ses deux collègues a été remarquable dans la précision la rigueur et l’intelligence du dossier. Camille Hennetier, toujours la voix posée, toujours le ton calme, évoque encore les accusés. Et leur enfance. Ils n'ont "pas grandi dans la misère, ni dans l'opulence", dit-elle. On ne juge pas des damnés de la terre , du lumpenproletariat comme disaient jadis les marxistes qui trouvaient des raisons aux assassins. Et « quasiment tous ont bénéficié d'une enfance qu'ils qualifient d'heureuse, ou sans histoire ». Elle met en perspective ces trajectoires avec la radicalisation de certains des accusés. 

Camille Hennetier évoque à nouveau leurs croyances, leurs idées radicales. « Je ne crois pas qu'un retour en arrière soit possible. Pas pour le moment, en tout cas. » 

La magistrate, toujours sur le même ton, évoque une image "gravée dans mon esprit". Celle de Bilal Hadfi, l'un des kamikazes du Stade de France, marchant en s'apprêtant à déclencher sa ceinture explosive. Il était le plus jeune des commandos terroristes du 13-Novembre. 

Camille Hennetier s'interroge : "Qu'est-ce qui pousse un jeune Français de 20 ans à marcher vers la mort, la sienne et celle des autres ?" 

Camille Hennetier en vient désormais aux déclarations de Salah Abdeslam selon lesquelles il aurait renoncé enclencher sa ceinture explosive. Commentaire : "Renoncé à quoi d'ailleurs, alors qu'il venait de déposer trois bombes humaines au Stade de France ?" 

Camille Hennetier évoque désormais les "silences", les "silences de plusieurs accusés. 

"Certains savent tout mais ils n'ont pas livré cette vérité à l'audience", lâche-t-elle, toujours de la même voix posée. 

Camille Hennetier demande de déclarer coupable tous les accusés des faits qui leur sont reprochés. 

À l'encontre d'Oussama Atar et d'Obeida Aref Dibo, cadres de l'État islamique, présumés morts, l'accusation requiert la prison à perpétuité incompressible

À l'encontre de frères Clain, Fabien et Jean-Michel, la propagande effrayante et les anashheeds l'accusation requiert la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Il sont sans doute déjà morts. Pour Omar Darif (Ahmad Alkhald) : Camille Hennetier requiert la prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. 

Camille Hennetier évoque les "petites mains". Mohammed Amri, Hamza Attou, Ali Oulkadi, Abdellah Chouaa. Elle parle d'une "complaisance" qui "leur a permis de faire passer leur amitié, leur solidarité avant le reste" : l'avocate générale évoque encore un "pacte avec le Diable" : ils ont "accordé leur aide au seul survivant ( Salah Abdeslam ) des pires attentats commis en France", lâche-t-elle encore. 

Camille Hennetier évoque Hamza Attou, Abdellah Chouaa et Ali Oulkadi : les trois accusés qui comparaissent libres. 

Elle souligne leur "attitude irréprochable" à l'audience. Ils ont été présents tous les jours, "c'est la moindre des choses" dit-elle, mais "cela n'a sans doute pas été sans des difficultés personnelles et financières", ces derniers résidant en Belgique. 

À l'encontre de Ali Oulkadi, l'accusation demande une peine de 5 ans de prison, sans mandat de dépôt. Quant à Hamza Attou, la peine requise un peu plus tôt doit être assortie d'un mandat de dépôt, demande encore Camille Hennetier. Concernant Abdellah Chouaa, la peine requise est de 6 ans avec mandat de dépôt. À l'encontre de Mohammed Amri, la peine requise est de 8 ans de prison. À l'encontre de Farid Kharkhach, l'avocate générale requiert la peine de six ans de prison. 

À l'encontre de Yassine Atar, (le frère du cerveau des attentats) l'accusation requiert une peine de 9 ans de prison, assortie d'une période de sûreté des deux tiers.

À l'encontre d'Ali El Haddad Asufi, l'accusation requiert une peine de 16 ans de prison, assortie d'une période de sûreté des deux tiers

À l'encontre de Mohamed Bakkali, l'accusation requiert la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans. 

Camille Hennetier évoque désormais les accusés Adel Haddadi et Muhammad Usman, soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat, mais qui n'avaient pas pu rallier la France.

À l'encontre d'Adel Haddadi et Muhammad Usman, l'accusation requiert une peine de 20 ans de prison, assortie d'une période de sûreté des 2/3. 

Il est désormais question d'Ahmed Dahmani. Soupçonné d'être un logisticien de la cellule djihadiste, il s'est enfui en Turquie après les attentats, d'où il passait gagner ensuite la Syrie. Il est détenu en Turquie. 

Camille Hennetier évoque désormais Osama Krayem et Sofien Ayari. Deux accusés qui, selon l'accusation, devaient commettre un attentat à l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, (visant notamment des avions de El Al) aux Pays-Bas. Toujours d'après les avocats généraux, les lieux devaient, comme Paris, être la cible d'une attaque le 13 novembre 2015. Osama Krayem et Sofien Ayari sont restés silencieux à l'audience, note Camille Hennetier. "Ils devront en assumer les conséquences", ajoute-t-elle. À l'encontre d'Osama Krayem et de Sofien Ayari l'accusé requiert la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 30 ans. 

Mohamed Abrini et de Salah Abdeslam. « Les deux seuls survivants du convoi de la mort » des commandos terroristes entre la Belgique et la région parisienne, comme le dit l'avocate générale. 

Camille Hennetier, encore : « Salah Abdeslam ne fait aujourd'hui pas mystère de ses convictions, il s'est d'emblée présenté comme un combattant de l'État islamique, et ce jusqu'à son dernier interrogatoire. » Il a voulu faire croire avoir renoncé par humanité à l’attentat suicide mais « balivernes » pour l’ accusation.

Camille Hennetier poursuit : « On ne peut que constater que malgré ses paroles, malgré ses larmes, Salah Abdeslam est resté jusqu'au bout fidèle à son idéologie, incapable d'exprimer le moindre regret. »

Mohamed Abrini, de son côté, « considère que les responsables des attentats sont nos hommes politiques. » Elle ajoute : "Ce qui prédomine, chez lui, c'est un discours victimaire". Rappelant qu'il s'est présenté devant un juge comme une victime de ces attentats. « Contrairement aux vraies victimes, il a choisi » dit Camille Hennetier. À l'encontre de Mohamed Abrini, l'accusation requiert la réclusion criminelle à perpétuité. Assortie d'une période de sureté de 22 ans. À l'encontre de Salah Abdeslam, l'accusation requiert la réclusion criminelle à perpétuité. Assortie d'une période de sûreté incompressible. 

https://youtu.be/ngdDCAWVLNc

Michel Zerbib

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