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La solidarité dans cette effroyable nuit du 13 novembre, la chronique de Michel Zerbib

France.

La solidarité dans cette effroyable nuit du 13 novembre, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Un box dégarni car neuf accusés ont refusé de comparaître. Ce mardi 31 mai 2022 comme lundi, l’un des accusés Muhammad Usman s’est plaint de douleurs liées à un problème médical et n’a pas pu voir un médecin en urgence. Huit co-détenus ont décidé alors de le soutenir en refusant de monter, comme lui, dans le box des accusés.

La solidarité au cœur de cette terrible nuit. « La solidarité est une réaction humaine face à la barbarie », a commencé Me Feger qui la décrit comme "un mécanisme de survie face à une agression". « En plein chaos, c'est cette solidarité entre victimes qui les a sauvés ».

L'avocate raconte ce que certains ont ressenti ce soir-là au Bataclan :  Johan qui a soutenu son ami Cédric grièvement blessé au visage ; Johan et Anthony, deux inconnus qui se sont parlés pour la première fois alors qu'ils étaient tête-bêche dans la fosse du Bataclan et se sont promis d'aller boire une bière s'ils s'en sortaient.

Me Feger raconte une autre histoire qui a marquée ce procès : celle qui s'est déroulée à l'étage du Bataclan où un autre lien très fort s'est créé entre deux inconnus : Edith et Bruno. Une grande rousse que Bruno a jeté sous les sièges pour la protéger. Et qu'il n'a pas abandonnée alors que celle-ci tétanisée ne pouvait pas s'enfuir.

L'avocate raconte aussi l'histoire de Sébastien qui, suspendu à une fenêtre du Bataclan, est remonté à l'intérieur pour sauver une femme enceinte suspendue elle aussi dans le vide mais dont les forces commençaient à lâcher.

Me Coviaux évoque aussi le cas de la jeune Clarisse qui a défoncé le faux plafond des toilettes d'une loge permettant ainsi à des dizaines de spectateurs du Bataclan de sauver leur vie.

Sur le toit, Jonathan est venu au secours d'une quarantaine de personnes qui n'avaient pas moyen de prendre leur élan pour se hisser jusqu'à lui. Il les a hissées jusqu'à ne plus avoir de force physique.

Me Bessard du Parc explique que son client "héros ordinaire du 13-Novembre" ne se sentait pas capable de venir témoigner lui-même à l'audience car « sa blessure n'arrive pas à cicatriser ».

De jeunes médecins internes des Hôpitaux de Paris buvaient un coup au Carillon. Après la fusillade, ils se sont comportés en médecins urgentistes. Ils ont prodigué des massages cardiaques. Marie a comprimé une plaie par balle à la cuisse. Des internes dermatologues ont posé des perfusions . "Votre verdict sera pour eux leur dernier linceul", conclue Me Levi.

C'est l’avocate de Daniel Psenny a raconté comment ce journaliste et photographe s'est senti tout à la fois. Témoin d'abord lorsqu'il a filmé avec son téléphone dans un réflexe professionnel le début de l'attaque. Puis, quand il s'est retrouvé en capacité d'aider un homme gravement blessé aux jambes, il a posé son téléphone et est allé tirer l'homme jusqu'à l'entrée de son immeuble. Et c'est là qu'il est devenu lui-même victime, blessé au bras par un tir de Ismaël Omar Mostefaï.

Me Astrid Ronzel a abordé un sujet qui sort pour le moins de l'ordinaire : les traumatismes vicariants. C'est-à-dire le contrecoup qui peut être ressenti par les premiers intervenants, les aidants, les familles des familles, mais aussi les professionnels qui travaillent au sein même de cette salle d'audience : les magistrats, les avocats, les avocats généraux, les greffiers, les journalistes, les dessinateurs, la régie qui filme le procès...

C'est pour cela que l'avocate avait commencé son intervention en demandant à la cour si elle va bien, après ces 130 journées d'audience à entendre la souffrance des autres...

Vicariant, qui vient du latin, signifie qui "prend la place de l'autre, qui remplace l'autre". Ces traumatismes vicariants (ou fatigue de compassion) peuvent se traduire, entre autres, par des pensées avec des images intrusives, une difficulté à scinder vie professionnelle et personnelle, une faible tolérance à la frustration, une perte d'enthousiasme pour son travail, des troubles du sommeil. Et c’est vrai, les cauchemars récurrents arrivent aussi chez les journalistes. Le procès reprend tout à l’heure , toujours avec les plaidoiries des parties civiles.

https://youtu.be/S1sBA8A-Aik

Michel Zerbib

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