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La sécurité du Premier ministre israélien, une obsession depuis Itzhak Rabin

Israël.

La sécurité du Premier ministre israélien, une obsession depuis Itzhak Rabin
(Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Des menaces de mort contre Naftali Bennett, son épouse et ses enfants, plus une balle. Le tout dans une enveloppe adressée à des membres de l'entourage du Premier ministre israélien, près de sa résidence privée de Raanana. C'est ce qui a déclenché hier un renforcement de la sécurité autour du chef du gouvernement et de ses proches. Parallèlement une enquête a été confiée à la police judiciaire, ce qui permet de penser qu'il ne s'agissait pas d'une menace imminente, sinon l'enquête serait restée entre les seules mains du Shin Beth, les services de sécurité intérieure. Mais l'événement n'en est pas moins pris très au sérieux. Déjà en août dernier, un habitant de Kyriat Gat, âgé d'une vingtaine d'années avait posté un message de menaces de mort en réponse à un tweet de Naftali Bennett. Il avait été condamné à sept mois de prison.

Ce type de menaces n'est malheureusement pas nouveau. Le précédent chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahou en a été la cible à plusieurs reprises. Et on pense bien sûr à l'assassinat d'Itzhak Rabin, tué en novembre 1995 par un activiste d'extrême-droite. Jusque-là, les dirigeants politiques israéliens restaient proches du public et il était facile de les approcher, la distance entre les élus et la population était alors un concept plutôt abstrait pour les Israéliens. C'est effectivement dans les mois qui avaient précédé l'assassinat du Premier ministre que les choses avaient commencé à changer, à cause du climat de plus en plus tendu qui régnait dans le pays et les divisions qui se creusaient entre partisans et opposants du processus de paix avec les Palestiniens. Les menaces n'étaient pas rares et des activistes d'extrême-droite s'en étaient même pris à la voiture du ministre de la Défense, Benyamin Ben Eliezer, en arrachant son bouchon de radiateur, façon de montrer que personne n'était inaccessible.  Après novembre 95, tout avait donc basculé et les services de sécurité intérieure ont totalement modifié leur conception. Désormais, il s'agissait d'établir une muraille infranchissable entre le Premier ministre et le monde extérieur. Le chef du gouvernement est constamment entouré d'une garde armée, et sa fonction est dotée d'un service propre de protection rapprochée, composé de jeunes issus des unités d'élite de Tsahal. Les déplacements s'effectuent toujours en convoi, sans que l'on sache dans quel véhicule se trouve le Premier ministre et sous une lourde escorte armée, roulant portes ouvertes et armes dégainées. La protection statique est elle aussi très encadrée. A Jérusalem, les riverains de la résidence du Premier ministre s'étaient même vus privés de l'accès à une partie de leur rue, que le Shin Beth s'était approprié sans autorisation pour y établir des clôtures et des barrages.

L'ampleur de ce dispositif est bien évidemment à l'échelle du traumatisme qui avait suivi le meurtre d'Itzhak Rabin et qui fait que jusqu'à aujourd'hui, des menaces de mort contre le plus haut personnage de l'Etat rappellent de mauvais souvenirs. On ne peut pas comparer le climat actuel de tension et de division politique à celui qui prévalait en 1995, même si le débat public, en particulier sur les réseaux sociaux s'est considérablement dégradé depuis deux ou trois ans. Et personne ne veut prendre de risque.

Pascale Zonszain

pzoom270422

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