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Des Arabes israéliens dans la police israélienne, et alors ?

Israël.

Des Arabes israéliens dans la police israélienne, et alors ?
(Crédit : police israélienne)

Le leader de la Liste Arabe conjointe a fait très fort, en appelant il y a quelques jours les policiers arabes israéliens à quitter la "force d'occupation" et à "jeter leurs armes à la figure" de leurs commandants, car leur présence dans les rangs de la police est "une injure et une humiliation pour leurs frères palestiniens". Même si Ayman Odeh a ensuite tenté d'expliquer qu'il ne faisait allusion qu'aux policiers arabes déployés à Jérusalem-est et dans les implantations de Judée Samarie, son rattrapage n'a convaincu personne et son appel a soulevé l'indignation générale.

En ce qui concerne les forces de sécurité, on sait que les Arabes israéliens ne sont pas obligés de faire leur service militaire. Tsahal compte pourtant dans ses rangs des soldats bédouins, même si leur nombre est en recul constant, et quelques centaines d'Arabes chrétiens, tous engagés volontaires. En revanche, pour la minorité druze, la conscription est obligatoire. La police israélienne quant à elle, compte un peu plus de 2.000 Druzes, 1.200 musulmans et un peu plus de 700 Arabes chrétiens, sur un effectif total d'environ 32.000 policiers. Ces citoyens israéliens servent, aux côtés de leurs collègues juifs, dans toutes les unités de la police et dans les gardes-frontière, un corps de gendarmerie qui dépend de la police. Et ils prennent exactement les mêmes risques. On a vu, lors de l'attentat de Bnei Brak, le 29 mars dernier, comment le sergent de police Amir Houri, un Arabe chrétien de Galilée, avait foncé sur sa moto pour intercepter le terroriste, qui venait déjà de faire quatre victimes. Il avait été touché mortellement en tentant de l'arrêter et c'est son binôme qui avait finalement réussi à l'abattre. Sans lui, le bilan aurait pu être encore plus lourd. Deux jours plus tôt, à Hadera, c'est un jeune garde-frontière druze de 19 ans, Yazen Falakh, qui avait été assassiné en même temps que sa collègue, la jeune franco-israélienne Shirel Aboukrat.

Ces deux exemples tragiques sont les plus récents, mais on pourrait en citer de nombreux autres. La police, par définition, ce n'est pas l'armée. Elle maintient l'ordre public et la sécurité et n'engage pas le combat avec un ennemi extérieur. Il n'y a donc aucune justification à la harangue du député d'opposition Ayman Odeh, qui accuse en gros ses concitoyens arabes policiers d'être des traitres à la cause nationale palestinienne. Le leader de la Liste Arabe conjointe n'est pas un débutant en politique et il maitrise parfaitement les concepts qu'il utilise. Il cherche à jouer sur les facettes identitaires de la population arabe israélienne. En l'occurrence, il met en avant la dimension palestinienne, pour délégitimer les policiers arabes, qui seraient donc des traitres s'ils combattent des terroristes palestiniens, et qui participent de "l'humiliation imposée par l'occupant" en patrouillant à Jérusalem-est et sur le Mt du Temple. Ce genre de sophisme a aussi une finalité politicienne : celle de se démarquer du parti islamiste Ra'am, qui fait partie de la coalition Bennett. Mais cette provocation est surtout piteuse. Quand les Israéliens voient passer des policiers qui les protègent des attaques terroristes, ils ne se demandent pas s'ils sont juifs, chrétiens, druzes ou musulmans. Ils sont seulement rassurés et reconnaissants de les savoir à leur poste.

Pascale Zonszain

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