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Israël-diaspora, des relations toujours compliquées

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Israël-diaspora, des relations toujours compliquées
(Crédit: Wikimedia Commons)

C'est entre le réveil du terrorisme et la guerre en Ukraine, que les Israéliens ont découvert l'horreur du drame de Jeremy Cohen. Tous les médias ont fait le récit de cette agression antisémite et de son issue tragique. En Israël, on sait quelles tragédies ont frappé la communauté juive française et les noms des victimes résonnent au souvenir des Israéliens. Cette nouvelle affaire intervient justement au moment où Israël marque son édition 2022 de la "semaine de la diaspora", l'occasion pour le ministère dédié du gouvernement de sensibiliser le grand public aux communautés juives à travers le monde, mais aussi de prendre le pouls de la société israélienne sur sa perception et ses relations avec les Juifs de diaspora.

Et cela n'étonnera personne : ces relations ne sont pas simples. Elles sont faites d'empathie, d'affection, mais aussi de pas mal d'incompréhension, voire d'ignorance. Une étude réalisée par le ministère des Affaires de diaspora constate que 62% des Israéliens pensent que l'Etat d'Israël doit aider les communautés juives en temps de crise et ils sont 56% à éprouver un sentiment de fraternité avec les Juifs de diaspora. 85% des Israéliens considèrent que leur Etat doit jouer un rôle actif dans la lutte contre l'antisémitisme et l'antisionisme. Ce qui amène aussi 57% des personnes interrogées à penser que le gouvernement israélien doit prendre en compte les intérêts des Juifs de diaspora, quand ses décisions peuvent affecter leur sécurité. Les Israéliens ont pris conscience des pics d'épisodes antisémites qui se manifestent en diaspora quand des cycles de violence entrainent des opérations de Tsahal, comme on l'a vu au printemps dernier ou à d'autres occasions comme lors de la guerre de Gaza de l'été 2014. D'ailleurs, 78% des Israéliens se disent inquiets, quand ils découvrent des attaques à caractère antisémite contre leurs coreligionnaires de diaspora.

Sur ce plan, les choses sont donc  à peu près claires. Là où cela devient plus complexe, c'est dans le rapport des citoyens israéliens aux citoyens juifs d'autres pays. Et pour eux, il s'agit bien de deux mondes différents. Ce qui veut dire par exemple que si 58% des Israéliens pensent que leur Etat a une responsabilité dans le maintien d'un judaïsme de diaspora, ils sont seulement 37% à considérer qu'ils ont une responsabilité personnelle à l'égard de leurs coreligionnaires étrangers. Ce sentiment de fraternité reste cependant plus élevé chez les Israéliens religieux que chez les laïcs. Et c'est parmi les ultra-orthodoxes qu'il est le plus fort.

Pour Nachman Shaï, le ministre chargé des Affaires de diaspora, ce détachement progressif, et en tout cas sectoriel, s'explique aussi par l'évolution démographique. Aujourd'hui 78% des Israéliens sont nés en Israël, et souvent depuis plusieurs générations, ce qui fait que leur lien avec la diaspora s'effiloche et que près de deux tiers d'entre eux ne comprennent pas pourquoi Israël devrait fournir des aides financières à ces communautés. Il y a donc un travail à faire auprès de la société israélienne pour resserrer ces liens distendus, qui reprennent pourtant force dès qu'une crise surgit. La solidarité des Israéliens avec les Juifs d'Ukraine s'est manifestée dès le premier jour de la guerre. Mais il faut qu'ils comprennent mieux l'importance de leurs liens avec leurs frères de diaspora.

Pascale Zonszain

pzoom060422

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