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L’extrême-droite n’a jamais été si près du but, la chronique d'Arié Bensemhoun

France.

L’extrême-droite n’a jamais été si près du but, la chronique d'Arié Bensemhoun
(Crédit : DR)

À l’heure où l’échéance du premier tour de l’élection présidentielle se rapproche, un constat s’impose. Éric Zemmour a perdu son pari. Contrairement à ce qu’il avait annoncé, il arrivera probablement loin dans le classement, se faisant largement devancer par une Marine Le Pen qualifiée au second tour. 

Pourtant, Éric Zemmour a gagné sur deux plans : avoir dynamité les digues en permettant à l’extrême-droite de contaminer une partie de la droite et permis à Marine Le Pen de se « recentrer ». 

Sans grand effort, cette dernière retrouve son score de 2017 et voit se constituer à sa droite une réserve de voix actuellement mobilisée par son concurrent chez les Républicains, mais qui se reportera sur elle au second tour. 

Nous faisons donc face à un phénomène inédit depuis la Deuxième Guerre mondiale, celui de la possible accession au pouvoir de l’extrême-droite. 

Bien que Zemmour prône la réconciliation des droites, il n’aura finalement réussi qu’à réhabiliter l’extrême-droite en ralliant à lui les nostalgiques de Pétain jusqu’aux néonazis, sans pour autant avoir opéré la jonction rêvée avec la droite républicaine, rassemblée autour d’Emmanuel Macron et de Valérie Pécresse. 

Cette réhabilitation de la collaboration, nous ne le savons que trop, ne va pas sans une falsification de l’histoire, les deux étant indissociables. 

Vieille méthode de l’extrême-droite, cette réécriture l’exonère de ses responsabilités pour faire oublier sa culpabilité et mettre en œuvre un programme reposant sur des lois d’exception, par recours aux référendums qui court-circuitent les garde-fous constitutionnels. 

Chez les extrémistes, la démocratie est une démagogie qui s’affranchit sans vergogne de l’État de droit. 

Faire barrage à Éric Zemmour dès le premier tour s’impose, pour casser la dynamique de Marine Le Pen qui mise sur ce report des voix au second tour. En effet, les intentions de vote cumulées de ces deux candidats forment pour la première fois depuis 150 ans un bloc dépassant les 30%. 

Plus grave encore, les populistes de gauche islamo-compatibles de Jean-Luc Mélenchon s’apprêtent pour une part non négligeable d’entre eux, avec ou sans l’assentiment de leur leader, à rallier Marine Le Pen. 

Jusqu’au bout, c’est en fonction de la dynamique des différents candidats, du rapport de force qui va s’installer dès le premier tour et de la possibilité de disposer d’une réserve de voix en vue du second, que tout se jouera. 

Pour la première fois, un Français sur deux compte donner sa voix à un parti extrémiste et populiste au premier tour, ce qui revient à faire le choix d’un aller sans retour. 

Si l’on peut se désoler des promesses non tenues par les partis républicains, une chose est cependant certaine : prendre le pouvoir, pour les extrémistes, c’est ne plus le rendre. 

En outre, l’extrême-droite met toujours ses menaces à exécution, bien au-delà de ses propos de campagnes édulcorés et gommés de leurs aspérités, pour ne pas effrayer les électeurs. 

Mais avec eux, c’est sûr, le pire est toujours à venir. 

L’interdiction de l’abattage rituel en est un bon exemple : Jordan Bardella, Président du Rassemblement national, ne s’est pas limité à cette vieille lune de l’extrême-droite mais a affirmé que l’interdiction d’importer de la viande cacher abattue sans étourdissement, au nom bien sûr de la souffrance animale, en serait la suite logique. 

Au nom de de quel autre principe peut-on craindre à l’avenir davantage d’interdictions portant sur la liberté de culte, pourtant garantie par la Constitution ? 

Si Marine le Pen s’est empressé de le contredire partiellement, nous avons le droit de douter de sa bonne foi car les choses sont dites et le mal est fait. 

Alors oui, si la candidature d’un Juif à la magistrature suprême est un événement inédit dans l’histoire de la République, donnant à certains la conviction de voter en bonne et pleine conscience, un impératif moral se pose, à la lumière de l’histoire et des trop nombreuses souillures portées à la mémoire du Capitaine Dreyfus, des Juifs de France déportés et des enfants de l’école Otzar Hatorah assassinés par un islamiste et enterrés en Israël. 

Que personne ne se trompe : ces outrances ne relèvent pas du hasard mais d’un plan mûrement réfléchi contre lequel chacun d’entre nous doit se lever. 

L’alliance avec l’extrême-droite antisémite et antirépublicaine ne peut se faire sous prétexte de combattre la menace islamo-gauchiste. 

Ces deux fascismes portent chacun en eux les germes du totalitarisme : seules leurs méthodes diffèrent, prise du pouvoir par les urnes pour les uns, par la violence et le chaos pour les autres. Dans cette convergence inexorable des haines, c’est la chute de la République qui est à terme envisagée. 

On ne vaincra pas les « Allah Akbar » en s’alliant aux « Heil Hitler ».

Aux menaces civilisationnelles que représentent le wokisme, l’indigénisme et l’islamisme, la seule réponse se trouve dans le terreau des valeurs humanistes, universalistes et républicaines. Si la tenaille identitaire nous guette, elle ne doit pas nous emprisonner. Sachons-nous en libérer en contrant le flot impétueux de l’histoire. 

Plus que quiconque, nous, Juifs, avons une responsabilité particulière, celle de la fidélité au serment Zakhor, « souviens-toi », qui nous oblige pour toutes les générations d’effacer le souvenir d’Amalek, ennemi héréditaire d’Israël et de l’humanité dans son ensemble. 

Sachons le démasquer sous les oripeaux des suprématistes et des islamistes. 

Si les sentinelles que nous sommes cèdent à leur devoir de vigilance et d’exemplarité, c’est alors toute la République qui s’effondrera et il n’y aura plus d’avenir pour aucun de nous sur cette terre de France que nous aimons. 

Arié Bensemhoun

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