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Inutile et dangereux de se précipiter sur des comprimés d’iode, la chronique de Serge Rafal

France.

Inutile et dangereux de se précipiter sur des comprimés d’iode, la chronique de Serge Rafal
(Crédit : DR)

Les pouvoirs publics ont constaté une demande croissante, inutile et même dangereuse pour nous Français d’iode dans les pharmacies. Ils ont par contre confirmé l’envoi nécessaire lui de 2 millions et demi de doses d’iode après l’attaque contre la centrale nucléaire de Zaporizhia et l’arrêt de l’alimentation électrique de la centrale de Tchernobyl avec des conséquences possibles sur le refroidissement des déchets radioactifs. 

L'iode est est un oligo-élément majeur impliqué dans la synthèse des hormones thyroïdiennes. Leur sécrétion commence dès le début de la vie fœtale, participant notamment au développement neurologique du fœtus et du nouveau-né. Les besoins en iode sont variables selon l'âge, le sexe, les situations physiologiques. Les carences sont assez fréquentes, même dans les pays occidentaux, responsables d’hypothyroïdie d’où la décision prise il y a quelques années d’en rajouter, dans un aliment largement consommé par la population. Chez nous, c’est le sel de table qui a été choisi.

Un accident grave dans une centrale, comme ça a été le cas à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2011, entraîne dans l’atmosphère un rejet important d’iode radioactif. Celui-ci peut alors être inhalé ou ingéré par les habitants vivant à proximité et parfois beaucoup plus loin, leur faisant courir un risque accru de cancer de la thyroïde. On se souvient des polémiques autour du nuage de Tchernobyl qui se serait arrêté à la frontière Est du Pays. Pour éviter que la thyroïde ne fixe l’iode radioactif, on la sature rapidement d’iodure de potassium stable, ce qui la protège mais pas totalement du cancer car du césium radioactif peut également être libéré. 

Bien sûr il ne faut pas prendre l'iode n'importe comment. Les comprimés doivent être administrés idéalement 1 à 2h avant l’exposition à la radioactivité et au plus tard dans les 6 à 12h qui la suivent. Au-delà de 24h, la thyroïde a fixé l’iode radioactif et d’apporter de l’iode n’a plus aucun intérêt, à part déclencher des effets indésirables.

Les effets indésirables sont : des nausées ou des vomissements, des maux de ventre, de la diarrhée, des palpitations cardiaques pour un bénéfice nul et un risque de dysfonctionnement de la thyroïde.

Certes on donne de l’iode pour pratiquer une scintigraphie thyroïdienne  mais il s’agit là d’un geste médical parfaitement maîtrisé. Il repose sur l’utilisation d’un produit légèrement radioactif, l’iode 123, qui se fixe électivement en 30 minutes sur la thyroïde afin de rechercher une anomalie fonctionnelle ou morphologique (hyperthyroïdie, nodule, thyroïdite). Les doses injectées sont très faibles, l’examen n’est pas dangereux, le traceur radioactif s’élimine rapidement dans les urines en buvant beaucoup d’eau.

La distribution d'iode à la population française n'est pas plus pertinente que d’actualité. Et si elle s’avérait nécessaire, elle se ferait dans le cadre d’un plan Orsec, confié aux préfets, et pas en automédication ou autoprescription. Mais il est fort heureusement impossible de se procurer des comprimés d’iodure de potassium.

« Un scientifique ne peut contrecarrer le progrès par peur de ce que le monde fera de ses découvertes », disait Openheimer, le père de la bombe A. Je conçois que la perspective d’un conflit atomique puisse faire flipper mais il est tout à fait inutile, vous l’avez compris, de vous ruer dans une pharmacie, prudence et précipitation sont totalement antinomiques.      

https://youtu.be/xDaRsgRaTJ0

Docteur Serge Rafal

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