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L'ancrage russe en Syrie inquiète Israël et le Proche-Orient

International.

L'ancrage russe en Syrie inquiète Israël et le Proche-Orient
(Crédit : DR)

Israël n'est pas le seul pays du Moyen Orient à s'être montré prudent dans ses réactions face à l'invasion russe en Ukraine. Hormis le Koweït et le Liban, tous les autres ont adopté une ligne modérée, évitant de se confronter directement à Moscou. Cela peut s'expliquer par une incertitude des premiers jours sur la capacité des Etats-Unis à tenir tête à la Russie et à réunir une véritable coalition occidentale soudée, au moins sur le plan diplomatique.

Mais il y avait aussi la réalité sur le terrain. Quelques jours avant le début de l'attaque russe en Ukraine, on se souvient que l'armée russe effectuait des manœuvres militaires, notamment au Belarus et en Mer Noire, mais aussi en Méditerranée. Alors que 100.000 soldats russes étaient déjà massés à la frontière ukrainienne, le ministre russe de la Défense Sergueï Shoïgou avait choisi de se rendre en Syrie, pour assister aux exercices de son armée qui avaient engagé une quinzaine de navires et plus de trente avions, dont des bombardiers long courrier et des chasseurs équipés de missiles de croisière hypersoniques. Il s'agissait de "protéger les intérêts nationaux et de repousser les menaces militaires contre la Fédération de Russie" selon les termes du communiqué du ministère russe de la Défense.

Depuis 2015, la Russie a fait de la Syrie un élément clé de son dispositif stratégique au Proche-Orient. Vladimir Poutine avait répondu à l'appel de Bashar el Assad de l'aider à reprendre le contrôle de son pays en pleine guerre civile. Pour le Kremlin, c'était une occasion inespérée de reprendre pied dans la région, qu'il avait peu à peu abandonnée depuis les années 70, de reconstruire le port de Tartous, dont il a fait une base navale à son usage exclusif et d'installer sa base aérienne à H'meimim, et d'où il contrôle tout l'espace aérien syrien. Un dispositif unique en dehors du territoire russe et qui comprend un effectif de 10.000 hommes. Ce n'est donc pas sans raison que les pays de la région s'inquiètent de cet ancrage russe dans une zone aussi stratégique.

En ce qui concerne Israël, il  est vrai que l'ambassade russe à Tel Aviv assurait il y a quelques jours que le "mécanisme" militaire mis en place entre les deux armées avait "prouvé son utilité et qu'il continuerait à fonctionner". Autrement dit, que Tsahal pourra poursuivre ses frappes contre des objectifs iraniens en Syrie. Sauf que le communiqué du 27 février rappelait aussi au passage que "la Russie ne voulait pas que le territoire syrien soit utilisé pour des actions contre Israël ou qui que ce soit d'autre". Ce qui peut aussi être interprété comme une limitation de la marge d'action israélienne en Syrie, d'autant que les Russes auraient tout à fait les moyens d'empêcher par eux-mêmes, l'installation des Iraniens. C'est donc que ce conflit à basse intensité entre Israël et l'Iran en Syrie fait aussi leurs affaires, en entretenant un foyer d'instabilité supplémentaire, tout en entretenant des relations avec les deux camps. Rien de nouveau dans cette stratégie déjà pratiquée par l'Union Soviétique à l'époque de la guerre Froide. La Syrie sert depuis six ans de terrain d'entrainement à la Russie. Elle pourrait devenir un enjeu face aux Occidentaux, si le conflit en cours, devait déborder de l'Ukraine.

Pascale Zonszain

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