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Le dépistage du cancer du côlon devrait commencer plus tôt, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

Le dépistage du cancer du côlon devrait commencer plus tôt, la chronique du docteur Serge Rafal
(Crédit : DR)

L'enjeu est de taille puisque ce cancer est le troisième le plus fréquent en France derrière la prostate et le sein et qu’il se situe en deuxième position en termes de mortalité avec 175 00 décès par an. Or nous commençons à nous y intéresser à partir de 50 ans. Pour preuve, le test de dépistage proposé gratuitement depuis 2009, tous les 2 ans, aux personnes âgées de 50 à 74 ans.

A peine un tiers de la population ciblée s’y soumet. Ce qui a pour conséquences un diagnostic souvent tardif de ce cancer, qui gagnerait à être dépisté plus tôt, comme le montre une étude américaine récente qui a analysé les résultats de 3 millions de coloscopies pratiquées chez des patients âgés de 18 à 54 ans.

Les résultats ne souffrent d’aucune discussion puisque chez les 45-49 ans, qui ne figurent pas dans la population ciblée chez nous : un tiers présentaient une lésion néoplasique sur polype dégénéré, 7,5% un adénome avancé c’est à dire précancéreux et 0,58% avaient déjà un véritable cancer. Et les auteurs évoquent des chiffres à peu près identiques dans la tranche 40-44 ans. Ce qui incite de nombreux spécialistes à demander qu’on avance l’âge du dépistage de 5 ans pour l’amener à 45 ans.

En l’absence de signes cliniques (douleurs abdominales, constipation récente, saignement) et de facteurs de risques (prédisposition génétique (= 5% des cas), antécédents familiaux de CCR (15% des cas), maladies inflammatoires intestinales (Crohn, rectocolite hémorragique), consommation excessive de viande rouge, alcoolisme, tabagisme), le test de dépistage est proposé à partir de 50 ans, sans réussir à convaincre beaucoup de monde, je l’ai dit.

Coloscopie d'emblée ? Non car cet examen est plus compliqué que le test à mettre en œuvre : il nécessite une préparation pénible avec un régime sans résidus les jours qui précèdent, l’ingestion la veille de 3 litres d’un liquide plutôt écœurant et bien sûr fortement laxatif. Et il se pratique généralement, certes en ambulatoire, mais sous anesthésie générale.

D’après une étude britannique parue l’an passé, portant sur plus de 250 000 endoscopies, la coloscopie constitue un acte médical relativement anodin puisque le risque d’une perforation, la complication principale, est seulement de 0,06%. Attention toutefois chez les plus de 75 ans, plus fragiles, où l’indication doit être posée avec la plus grande attention, parfois remplacée par un coloscanner qui évite l’AG.

Nous sommes devant la quadrature du cercle : pratiquer encore plus tôt un examen qu’on a déjà du mal à faire accepter par une population plus âgée qu’on estimait ciblée et donc concernée. Et pourtant, et pourtant… comme le chantait Aznavour, il le faudrait car la prévalence des lésions cancéreuses dans une population plus jeune est loin d’être exceptionnelle, nous venons de le voir. Mais commençons déjà par les 50-74 ans : la prochaine fois que vous recevrez la proposition de dépistage du cancer du côlon, ne la jetez pas, prenez immédiatement RV chez votre médecin-traitant pour récupérer le kit immunologique de dépistage, 2 à 4 fois plus sensible que son ancêtre, l’hémoccult. C’est comme certains jeux facile, et ça peut rapporter gros.

https://youtu.be/DmkJqc3U5PU

Docteur Serge Rafal

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