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Enquête sur la Yeshiva de Bussières : les dernières révélations

France.

Enquête sur la Yeshiva de Bussières : les dernières révélations
L’entrée de la Yeshivat Beth Yossef à Bussières, en France (Crédit : Google Maps)

Après 96 heures de gardes à vues dans différentes gendarmeries de la région , sept personnes ont finalement été mises en examen pour « violences aggravées ». Elles ont été mis en examen vendredi soir - et placés sous contrôle judiciaire - (donc libres) notamment pour "violences volontaires sur personnes vulnérables", "abus de la vulnérabilité d’une personne placée en situation de sujétion psychologique", ou encore "conditions d’hébergement contraires à la dignité", les accusations sont importantes et graves mais pas assez pour avoir justifier l’incarcération de ces religieux ultra - orthodoxes comme on dit communément - située depuis 1948 à Bussières, un village de 500 habitants en Seine-et-Marne, la yeshiva Beth Yossef, réputée pour ses méthodes strictes, accueillait une soixantaine d’élèves "décrits comme étant des enfants difficiles", avait informé vendredi la procureure de Meaux Laureline Peyreffite. Des familles israéliennes et américaines y envoyaient leurs enfants en difficulté relationnelles avec le foyer familial ; au fil des années il semble que le projet d’étude à haut niveau de la thora s’était un peu mué en maison de redressement

Âgés de 13 à 18 ans, les élèves étaient en majorité israéliens mais aussi de nationalités américaine, belge, roumaine ou irlandaise, "non déclarés scolarisés", selon la magistrate.

On note "un embrigadement général pour les enfants qui plus ils avancent dans l’âge moins ils sont critiques sur leurs conditions de vie, d’hébergement, les châtiments qui leurs sont infligés qu’ils soient moraux ou physiques", selon l’enquête préliminaire. L’enfermement n’est pas pour tous clairement explicité … on leur explique que le monde extérieur est dangereux … qu’en France on y vole des organes . La peur et la persuasion sont au centre du système visant à les faire renoncer à tout ce qui hors du courant de pensée de la Yeshiva . Les enfants évoquent l’interdiction de parler au personnel , aux femmes , d’avoir de téléphones portables ou de sortir sans autorisation et sans accompagnant . Une forme donc d’aliénation.

Dans leurs auditions, des élèves ont dit avoir reçu des coups et gifles de la part d’un "super-surveillant" et "d'un référent". Ce référent, lui-même ancien élève de la yeshiva, arrivé d’Israël à 16 ans, réside depuis dans le domaine où il s’est marié et a fondé sa famille. Il est accusé d’avoir porté des coups aux enfants, notamment en cas de tentative de fugue. "Il conteste les faits qui lui sont reprochés", a réagi son avocate, Me Andrea Assor.

Les mis en examen "ont globalement nié les faits même si certains ont pu décrire des actes comme des claques et des coups", avait expliqué vendredi à la presse la procureure. Certains élèves "ont pu confirmer, sans toujours les critiquer, des actes de violences physiques et psychologiques".

Selon la procureure ils vivaient "dans des conditions de logement insalubres", hébergés dans l’ancien sanatorium délabré du domaine de Séricourt.

Très important pour la défense : alors que le parquet avait requis la mise en examen pour "séquestration en bande organisée", les sept ont été placés sous le statut de "témoin assisté" pour ce chef.

Les avocats de la Yeshiva, Philippe Ohayon, Dan Mimran et Judith Buchinger se sont félicités que la qualification criminelle de séquestration n’ait "pas été retenue". Cela "invalide la thèse des dérives sectaires et enlève toute crédibilité à l’opération quasi militaire menée contre cette yeshiva", nous a déclaré Me Ohayon. Aussi les avocats de la défense ont pointé le caractère disproportionné de l’intervention de la gendarmerie comme s'il s’agissait de la secte du temple solaire.

Mais les rabbins ont été très bien traités par les gendarmes (Yeshiva liée historiquement à la Shoah).

L’enquête sur la yeshiva a débuté à la fugue en vélo d’un élève américain en juillet 2020, qui avait trouvé refuge à l’ambassade des États-Unis à Paris. À sa suite, deux autres élèves s’étaient échappés. La presse us et israélienne avaient fait du bruit.

L’établissement a entre autres fait l’objet de "divers signalements préoccupants, dont un émanant de la Miviludes" (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)Et beaucoup de personnes y compris dans la communauté juive de France étaient au courant depuis au moins le mois de mars 2021 selon nos informations .

Aussi le délai entre le signalement et l’interpellation "nous amène à nous interroger sur l’extrême urgence décrite par le procureur dans son communiqué. Si c’est si urgent, on n’attend pas sept mois, c’est impensable", a déclaré se son coté Me Benouaiche, avocat du rabbin.

Celui d’Avi Ran qui a relaté être arrivé d’Israël à 12 ans pour entrer dans cette école, en 2002. Il y a passé 12 années, victime d’un “lavage de cerveau” de la part d’une institution qui, pour lui, était "une secte à tous points de vue", avec des "coups physiques" administrés comme "châtiments". Des élèves ont été remis ce weekend à leurs parents. Les autres restent pris en charge par l’aide sociale à l’enfance du  département, en lien avec la Croix-Rouge et avec l’Ose.

Les images prises par ces jeunes étudiants israéliens montrent des murs rongés par l’humidité, des toilettes dans un état déplorable…

Un bâtiment qui avait été officiellement fermé au public depuis 2015 et qui n’aurait jamais dû accueillir ces enfants. Un expert envoyé sur place ces derniers jours a d’ailleurs jugé que les lieux faisaient courir "un danger grave et imminent pour la santé de ses occupants". L’enquête ne fait commencer, elle va durer un an et demi avec de nouveaux chefs d’infractions possibles.

Et l’enquête ne va pas s’arrêter là. Les investigations vont désormais se pencher sur les comptes de cette yeshiva. Les gendarmes ont découvert plus de 430 000 euros en liquide et 1,3 million d’euros ont aussi été saisis sur des comptes en banque liés à l’établissement. De l’argent qui ne servait visiblement pas à entretenir les bâtiments.

Mais on peut dire que dors et déjà la Yeshiva ketana ne pourra plus ouvrir, les mis en examen ayant l’interdiction d’être au contact avec les mineurs.

https://youtu.be/ZcgYzqP9J1M

Michel Zerbib

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