Un politicien roumain fait l'éloge d'un leader fasciste antisémite des années 1930

Un espoir politique roumain qui pourrait devenir président honoraire du quatrième parti politique du pays a fait l'éloge d'un dirigeant fasciste antisémite des années 1930 lors d'une interview télévisée aux heures de grande écoute lundi soir, suscitant une vive condamnation de la part des juifs et d'autres groupes. S'exprimant sur la chaîne d'information Antena 3, Calin Georgescu, un expert en développement durable anciennement affilié aux Nations Unies, a déclaré que Corneliu Zelea Codreanu "s'est battu pour la moralité de l'être humain". Un intervieweur avait demandé à Georgescu pourquoi il avait mis Codreanu sur une liste de "héros" nationaux dans une vidéo Facebook de 2020 qui a recueilli plus de 700 000 vues.

Codreanu a dirigé le mouvement légionnaire farouchement antisémite jusqu'à son exécution en 1938. Le groupe a épousé une version extrême du nationalisme ethnique et religieux qui impliquait des meurtres politiques et des actes de terrorisme. Deux ans après la mort de son fondateur, le mouvement est entré dans le gouvernement du dictateur pro-nazi roumain Ion Antonescu. L'expérience a pris fin en janvier 1941, lorsque les légionnaires se sont soulevés contre Antonescu dans une rébellion frustrée de trois jours, au cours de laquelle plus de 120 Juifs ont été tués et plusieurs synagogues et entreprises juives ont été détruites. Les événements sont connus aujourd'hui sous le nom de Pogrom de Bucarest. 

L'interview de Georgescu a marqué la première fois depuis des années qu'une personnalité politique de premier plan défendait ouvertement le record de Codreanu sur une chaîne de télévision roumaine grand public. Georgescu a également qualifié Antonescu, sous le règne duquel au moins 280 000 Juifs ont été tués, de « martyr ». S'adressant au site d'information local G4Media, Alexandru Florian, directeur de l'Institut Elie Wiesel pour l'étude de l'Holocauste en Roumanie, a décrit les déclarations de Georgescu comme "une mystifcation de l'histoire et une tentative claire" de transformer les "dirigeants fascistes" en héros.

Gabriel Attal