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Pourquoi Israël a besoin de rester neutre dans la crise Russie-Ukraine

Israël.

Pourquoi Israël a besoin de rester neutre dans la crise Russie-Ukraine
Soldats de l'opération Barkhane (Crédit : DR)

L'Ukraine, c'est loin. En tout cas pour Israël. Alors pourquoi une possible invasion russe dans l'est ukrainien est-elle aussi une préoccupation pour les dirigeants israéliens ? Pour comprendre les enjeux, il faut imaginer Israël comme une pièce qui se déplacerait sur plusieurs échiquiers en même temps, sachant que chacun de ses mouvements sur un échiquier donné, le fera se déplacer sur les autres. Le premier, c'est celui de la partie qui se joue entre la Russie et l'Ukraine. Israël entretient d'excellentes relations avec les deux pays et ne veut se fâcher avec aucun. Dans cette partie, c'est l'Ukraine qui essaie de faire avancer Israël vers son camp. Il l'a fait le mois dernier, quand son ambassadeur en Israël a affirmé que son pays allait reconnaitre Jérusalem comme la capitale israélienne. Tant que dans ce jeu, Israël peut rester passif, les risques de froisser Moscou sont limités.

Ensuite, il y a la partie qui se joue entre l'occident et la Russie. Là, ça commence à être plus compliqué. En cas d'invasion russe en Ukraine, même sans contre-offensive ou assistance militaire occidentale à l'Ukraine, il y aura au moins des condamnations et des sanctions. Israël tient à son alliance stratégique avec les Etats-Unis et à sa coopération sécuritaire avec l'Europe, mais ne veut pas hypothéquer ses relations avec Moscou.

Ce qui nous amène au troisième échiquier, celui du Moyen Orient. Cela fait une dizaine d'années que les Etats-Unis ont commencé à se désengager de cette région, où la Russie a au contraire élargi son influence. Et on pense bien sûr à la Syrie, où l'armée de l'air russe assiste depuis 2015 le régime de Bashar Al Assad et contrôle son espace aérien. Ce qui a amené Tsahal à établir un dispositif de coordination avec l'armée russe, pour lui permettre de poursuivre ses frappes contre des objectifs iraniens en Syrie, sans risquer d'accidents ou d'accrochages avec les forces russes. On a vu il y a quelques jours les premières patrouilles aériennes conjointes russo-syriennes près de la frontière israélienne. Il ne faudrait pas que les Russes aient envie d'aller plus loin et de remettre en cause la liberté d'action d'Israël en Syrie.

Et puis il y a aussi une partie économique. En admettant que la crise s'aggrave et que la Russie cesse ses livraisons de gaz à l'Europe, ce serait une occasion pour Israël de booster ses propres ventes de gaz aux Européens. Lors de l'invasion russe en Crimée, Israël avait profité des sanctions contre Moscou pour accroitre ses exportations maraichères, mais avec le gaz, on serait sur une toute autre échelle. Et là, il faudrait s'attendre à une réaction de Vladimir Poutine.

En résumé, Israël ne peut se fâcher ni avec les Etats-Unis, ni avec l'Union Européenne, ni avec l'OTAN avec qui il a renforcé sa coopération militaire. Israël tient aussi à préserver ses bonnes relations avec la Russie et avec l'Ukraine, qui abritent tous deux une importante communauté juive, dont plus d'un million et demi d'Israéliens sont originaires, et donnent aussi un lien particulier entre Jérusalem, Moscou et Kiev. Autant de raisons pour Israël de tenter à son niveau d'aider à désamorcer l'escalade, mais aussi de préserver autant que possible sa neutralité.

Pascale Zonszain

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