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Visite au sommet pour Naftali Bennett aux Émirats arabes unis, la chronique d'Arié Bensemhoun

Israël.

Visite au sommet pour Naftali Bennett aux Émirats arabes unis, la chronique d'Arié Bensemhoun
(Crédit: DR)

L’image de la haie d’honneur qui attendait Naftali Bennett sur le tarmac de l’aéroport dimanche restera dans les annales. Abou Dhabi est le théâtre d’une première historique: celle de la visite d’un chef de gouvernement israélien aux Émirats arabes unis.

Cette monarchie du Golfe, dirigée par le cheikh MBZ (Mohammed Ben Zayed), a normalisé ses relations avec l’État hébreu en 2020 et connaît depuis les Accords d’Abraham une lune de miel sans précédent avec son « frère et voisin ». Le Ministre des Affaires étrangères Yaïr Lapid y avait inauguré en grande pompe l’ambassade israélienne en juin dernier.

Si la démarche au cœur de ces Accords historiques, signés en août 2020, répondait à la logique du bottom-up, c’est-à-dire celle d’une dynamique initiée par la société civile, il s’agit désormais pour les autorités de montrer aux yeux du monde que les anciennes querelles appartiennent irrémédiablement au passé. Une vidéo diffusée par les services du Premier ministre avant son embarquement, mettait en avant la qualité des relations, « excellentes, devant être cultivées » afin de « renforcer la paix entre les deux peuples ». Jérusalem et Abou Dhabi parlent désormais la même langue et veulent écrire l’avenir à deux, tels un couple de jeunes premiers aux projets ambitieux. Ils partagent certains points communs : une population jeune, riche et éduquée, ouverte sur le monde, une passion pour les innovations technologiques et le tourisme, une attractivité économique que symbolise à elle seule l’Exposition universelle de Dubaï, véritable vitrine du soft power émirati. Le pavillon israélien, intitulé « Vers demain », affiche de manière éclatante cet optimisme et revêt une dimension symbolique très forte.

Au programme de cette visite, destinée « à renforcer la coopération dans tous les domaines », un entretien au palais du Cheikh qui a porté sur les échanges économiques mais avant tout, sur l’Iran. Bennett a-t-il tenté de convaincre MBZ de se rallier aux opposants à l’Iran, face à la menace de la course à l’armement nucléaire qui effraie bien au-delà des simples frontières du Golfe ? Les derniers soubresauts des négociations du JCPOA, l’accord moribond sur le nucléaire iranien, font craindre une très probable réaction militaire d’Israël, des États-Unis voire de l’Europe. Les Émirats restent un partenaire économique important de l’Iran et ont encore des relations diplomatiques avec lui : seule ombre au tableau dans la relation avec l’État hébreu. Bennett s’est aussi entretenu avec les ministres de l’Industrie, de la Culture et de la Haute-Technologie, dans un contexte de multiplication des partenariats dans les domaines de l’eau, de la médecine et des technologies de l’information.

Toute relation bilatérale est soutenue par l’estime réciproque que se portent des dirigeants. Bennett semble avoir trouvé un interlocuteur privilégié en la personne de MBZ, souverain plus amène et moins controversé que le Saoudien MBS. Donald Trump se targuait d’entretenir d’excellentes relations avec ce dernier, au grand dam d’une bonne partie de l’opinion internationale. Bennett va très certainement tirer son épingle du jeu grâce à cette amitié, qui inaugure de très belles années de coopération et de retombées positives pour toute la région. D’aucuns ont pu dire, en France, que cette visite n’intervenait que dans le cadre d’une « paix froide ».  Argument fallacieux qui ne conforte dans leur illusion que ceux qui manquent ce rendez-vous révolutionnaire avec l’histoire.

Dans les années qui viennent, il s’agira de voir si le cercle vertueux des Accords d’Abraham s’étendra aux autres monarchies du Golfe et au reste du monde sunnite. Il y a encore deux ans, personne n’aurait pu croire à un tel bouleversement géopolitique. Une chose au moins est sûre : de la Méditerranée au Golfe persique, les pages d’un « avenir meilleur » pour « les petits enfants du patriarche Abraham » ont déjà commencé à s’écrire.

Arié Bensemhoun

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