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Trois accusés qui comparaissent libres : ces hommes qui savaient et qui n’ont rien dit, la chronique de Michel Zerbib

France.

Trois accusés qui comparaissent libres : ces hommes qui savaient et qui n’ont rien dit, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit: Twitter)

Chaque jour vers midi, ils arrivent escortés par des policiers. Ils sont assis devant le box lors des audiences et passent relativement inaperçus mais hier la cour d’assises spéciale a commencé à se demander quelles pouvaient être leurs responsabilités au travers des éléments recueillis par les Belges.

Alors qu’hier (mercredi), l’enquêteur 440 232 779 avait expédié l’exposé sur le principal accusé, Salah Abdeslam, en 45 minutes à peine provoquant moqueries et agacements, son collègue identifié sous le matricule 441.157.616 a préparé, lui, son exposé avec le sérieux nécessaire à une cour d’assises. Il sera d’ailleurs félicité par le président Jean-Louis Périès. Ça faisait un peu oublier la calamiteuse prestation de la veille…

Par la téléphonie, l’analyse des numéros de téléphones utilisés par les accusés. Analyse qui permet à la fois le bornage (c’est-à-dire la localisation approximative en fonction de la borne téléphonique activée lors des appels) et l’établissement des liens entre les différents protagonistes du dossier. C’est surtout des liens entre Abdellah Chouaa (l’accusé du jour ) et Mohamed Abrini ("l’homme au chapeau") qu’il s’agit. D’ailleurs, pour l’occasion Mohamed Abrini est de retour dans le box, après sept journées d’audience passées dans les sous sols du Palais pour protester contre la non présence des policiers belges .

De la téléphonie de Mohamed Abrini et Abdellah Chouaa, on découvre donc qu’ils sont régulièrement en contact. Y compris lorsque Mohamed Abrini se rend en Syrie. C’est en tout cas ce qui intéresse particulièrement l’enquêteur et qu’il tente donc de démontrer. Mohamed Abrini multiplie les contacts alors qu’il est en Turquie, puis en Syrie. Un séjour pour lequel Abdellah Chouaa l’a d’ailleurs accompagné à l’aéroport. Mohamed Abrini a déclaré à la juge d’instruction belge : pour Abrini , Choua n a rien à faire dans ce dossier…

A ses côtés, sur les strapontins des trois accusés qui comparaissent libres à cette audience, Ali Oulkadi qui ne connaissait Mohamed Abrini que du voisinage de Molenbeek selon le second témoin du jour, l’enquêteur 447.610.037. En revanche, Ali Oulkadi est alors très proche de Brahim Abdeslam, frère aîné de Salah Abdeslam et kamikaze du Comptoir Voltaire. Son "meilleur ami" selon lui. Brahim Abdeslam dont la radicalisation ne pouvait pas être ignorée par Ali Oulkadi.

Selon lui c’est Salah Abdeslam qui a entrainé son frere Brahim .Ali Oulkadi dont, l’enquêteur tient cependant "à dire qu’au moment ou il apparait dans notre enquête , il n’est pas connu des dossiers terroristes". Mais Ali Oulkadi savait précise le policier belge, alors en Syrie et qui prépare les attentats du 13 novembre 2015. Ces contacts se déroulent par Skype, dans le sous-sol du café Les Béguines, dont les frères Brahim et Salah Abdeslam sont les gérants. C’est d’ailleurs dans ce même établissement qu’Ali Oulkadi a rencontré Brahim Abdeslam deux ans plus tôt. Café conspitatif . 

L’avocat général Nicolas Le Bris n’entend pas dédouanner aussi rapidement Ali Oulkadi de toute relation avec l’Etat islamique, dit-il à l’enquêteur 447.610.037 qui reconnait toute fois que l’accusé visionnait des vidéos de propagande de l’Etat islamique au café des Béguines. Alors tous ceux qui fréquentaient les lieux ne sont pas devenus des tueurs de Daesh. Mais ils n’ont rien fait pour empêcher la propagande mortifère de ceux qui allaient devenir les protagonistes des attentats du 13 novembre 2015. 
Ils savaient , ils n’ont rien dit !

https://youtu.be/COH0gB9XEiw

Michel Zerbib

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