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Le parcours encore mystérieux de Mohamed Abrini, la chronique de Michel Zerbib

France.

Le parcours encore mystérieux de Mohamed Abrini, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit: Twitter)

C’est la raison pour laquelle, comme vendredi dernier, que cinq accusés ont refusé de comparaitre. Ils entendent protester contre l’absence à la barre des enquêteurs belges (Abdeslam, Abrini notamment ), qui déposent depuis Bruxelles. La liaison est établie avec l’enquêteur 441 157 616, il est 13h30 et le policier va tenter d’expliquer le parcours d’Abrini qui était en lien avec le coordinateur des attentats du 13 novembre.

Alors qu’est allé faire Mohamed Abrini en Angleterre et à Paris, en juillet 2015 ? Entre la fin juin et le début juillet 2015, cet ami des frères Abdeslam, âgé de 36 ans aujourd’hui, aura passé huit à neuf jours en Syrie. Officiellement pour se recueillir sur la tombe de son frère cadet, Soulaimane, mort en août 2014 en combattant pour Daech.

Sur place, il rencontre donc un autre de ses amis de Molenbeek, Abdelhamid Abaaoud, le coordonnateur des attentats du 13-Novembre qui lui demande de se rendre en Angleterre pour y récupérer une somme d’argent, 3 000 livres, qu’Abrini devra ensuite remettre à un individu en Belgique…

Abrini se rend à Londres via un vol au départ d’Istanbul. Puis file à Birmingham où il finit par rencontrer deux individus, Mohamed Ahmed et Zakaria Boufassil, qui lui remettent une somme d’argent. Ensuite il se rend à Manchester où il reste près de trois jours. Il y joue au casino et visite le stade mythique d’Old Trafford . Il s’y fait prendre en photo. Etait il en repérage pour un attentat ? Les enquêteurs le pensent. La défense s’engouffre dans la brèche .

"Peut-on dire que ces supposés repérages ne reposent sur aucun élément du dossier ?", interroge l’une des avocates de Mohamed Abrini, Me Violleau. "Cela reste une hypothèse", admet l’enquêteur.

Après Manchester direction Paris avant que deux des accusés du procès, Abdellah Chouaa et Ahmed Dahmani, viennent le récupérer pour le ramener à Bruxelles.

"A chaque étape importante de son parcours, il a changé de numéro de téléphone et d’appareil, comme s’il ne voulait pas être repéré", précise l’enquêteur belge. Les policiers belges ont néanmoins pu découvrir qu’il avait appelé à plusieurs reprises Abdelhamid Abaaoud.

Mohamed Abrini qui a donc refusé d’assister à l’audience de ce mardi, a donné plusieurs versions aux enquêteurs. Selon Abdellah Chouaa, Abrini aurait donné l’argent à Ahmed Dahmani, actuellement détenu en Turquie.Mais l’enquêteur belge, met l’accent sur une drôle coïncidence : "Quelques jours plus tard, Abdelhamid Abaaoud quitte la Syrie après s’être assuré que l’argent avait bien été collecté. En fait, quand Abaaoud arrive en Europe, tout est prêt…"

Alors pourquoi cette halte à Paris ? Là encore, l’intéressé a livré plusieurs versions. Il voulait rencontrer un ami qu’il n’a finalement pas pu voir. Est-ce un autre djihadiste qu’il a en fait rencontré ? Mohamed Abrini, lui, finira par prétendre aux enquêteurs que se sachant recherché par les policiers belges en raison de son séjour en Syrie, il n’aurait pas voulu prendre le risque d’arriver directement à l’aéroport de Zaventem (lieu des attentats belges)…

D’ailleurs, le 27 juillet, il va se présenter lui-même aux policiers belges. Il dément s’être rendu en Syrie.

"Il indiquera même qu’il est 100% contre les gens qui combattent en Syrie", fait remarquer Me Chemla, avocat de parties civiles. Mais l’exploitation de son téléphone portable permet de découvrir les photos prises au stade de Manchester, mais aussi des noms de personnes connues pour leur radicalisation ou être parties en Syrie.

"Dès le 4 août, on sait donc qu’il s’est moqué des services d’enquête. Que se passe-t-il ensuite ? Pourquoi n’a-t-il pas été de nouveau été interrogé ?", pointe Me Chemla auprès de l’enquêteur belge. Décidément la police Belge est chahutée dans ce procès.

"Nous avions la volonté de recueillir le maximum d’informations. Mais son dossier a suscité un intérêt puisqu’il a été fédéralisé en octobre 2015", autrement dit, à partir de l’automne, il n’était plus entre les mains de la police locale, explique l’enquêteur. Le moins que l’on puisse dire est que les avocats sont dubitatifs.

Les services d’enquête belges auraient-ils pu être plus performants vis-à-vis de Mohamed Abrini ? Un doux euphémisme. Là aussi, on ne peut refaire l’histoire.

https://youtu.be/Xs4w2QSScH0

Michel Zerbib

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