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Israël et les mauvaises options internationales face à l'Iran

Israël.

Israël et les mauvaises options internationales face à l'Iran
(Crédit: DR)

Yaïr Lapid sera aujourd'hui à Londres et demain à Paris. Pour le ministre israélien des Affaires étrangères, il est capital de trouver auprès de Boris Johnson et Emmanuel Macron des interlocuteurs bienveillants, alors que les grandes puissances reprennent leurs pourparlers avec l'Iran, après cinq mois d'interruption.

Et pour Israël, la priorité est de limiter les dégâts. Depuis que le président Trump avait retiré en 2018 les Etats-Unis des accords de Vienne signés trois ans plus tôt et qu'il avait rétabli les sanctions contre l'Iran, Israël avait espéré qu'une nouvelle approche internationale, plus rigoureuse et plus contraignante pour Téhéran, se mettrait en place. Mais depuis que le président Biden a annoncé sa décision de réintégrer les Etats-Unis dans le protocole conjoint des P5+1, Jérusalem redoute une position internationale trop conciliante et qui ne permette pas de ramener l'Iran au stade antérieur de son programme d'enrichissement d'uranium, qu'il a considérablement accéléré au cours des trois dernières années. Et ce d'autant plus que le nouveau gouvernement iranien ne semble avoir aucun intérêt pour une réanimation de l'accord de 2015. L'embargo sur les armes vers l'Iran est arrivé à expiration et rien ne s'oppose plus à la vente d'avions ou de missiles à la République islamique. Les inspecteurs de l'AIEA ont de plus en plus de mal à remplir leur mission de contrôle des installations nucléaires iraniennes. Seules les sanctions américaines sont toujours en vigueur, et encore leur application est-elle devenue nettement moins sévère avec la nouvelle administration démocrate.

Or, pour Israël, il faut absolument maintenir ces sanctions, aussi longtemps que les grandes puissances ne seront pas en mesure de mettre en place un meilleur dispositif. Car les options actuelles, vues de Jérusalem, sont toutes mauvaises. La moins grave, mais aussi la moins probable serait un retour aux conditions originelles de l'accord de 2015. Les Iraniens n'y ont aucun intérêt et l'ont fait savoir. La deuxième option serait un accord intérimaire allégé : moins de sanctions en échange de moins d'enrichissement d'uranium. Mais sa mise en place apparait impraticable et trop favorable à l'Iran. Enfin, l'option d'une rupture totale des négociations où chacun reprendrait ses billes, avec le risque d'une crise ouverte entre Washington et Téhéran. Aucun de ces scénarios ne donne à Israël l'assurance que l'Iran abandonnera son programme d'armement nucléaire, de son plein gré ou par la contrainte.

Quant à l'option non diplomatique, évoquée du bout des lèvres par les Etats-Unis, elle reste justement très floue. Israël d'ailleurs n'y croit guère, en tout cas pas sous une forme suffisamment crédible pour dissuader l'Iran d'atteindre la capacité nucléaire. Il faut donc pour le gouvernement israélien, trouver le moyen de limiter les dégâts. Le ministre de la Défense Benny Gantz aimerait bien un meilleur accord plus contraignant, mais reconnait qu'il n'est pas à l'ordre du jour. Le Premier ministre Bennett et le ministre des Affaires étrangères Lapid sont tous les deux pour un maintien et un renforcement des sanctions contre l'Iran. Naftali Bennett rappelle d'ailleurs qu'Israël n'est pas partie à l'accord et donc pas tenu par lui. Et il a débloqué le budget nécessaire pour préparer Tsahal à une option militaire. Mais c'est à peu près tout ce qu'il peut faire pour adresser un avertissement à Téhéran, sans se fâcher avec Washington.

Pascale Zonszain

pzoom291121

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