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Kfar Kassem divise les élus arabes de la Knesset

Israël.

Kfar Kassem divise les élus arabes de la Knesset
Une photo non datée des dépouilles des arabes israéliens tués lors du massacre de Kafr Kassem en 1956 (Crédit: Capture d’écran YouTube)

Comme tous les ans à la fin du mois d'octobre, des députés arabes israéliens soumettent au vote de la Knesset une proposition de loi pour la reconnaissance du massacre de Kfar Kassem et tous les ans, cette proposition est rejetée à une écrasante majorité. Cette année n'a pas été différente des précédentes, à un point près.

Mais d'abord, un rappel historique. Le 29 octobre 1956, la campagne de Suez contre l'Egypte vient de commencer. Dans le nord d'Israël, où la population arabe est toujours sous administration militaire depuis l'indépendance, le couvre-feu est instauré pour les localités  proches de la frontière jordanienne, car on craint que la Jordanie n'entre à son tour en guerre contre Israël. Les responsables des villages ne reçoivent l'instruction qu'une demi-heure avant l'entrée en vigueur du couvre-feu. Impossible de prévenir à temps tous les habitants qui travaillent aux champs et qui vont rentrer à la tombée de la nuit. Partout, les choses se passent pourtant sans incident, les soldats et gardes-frontière laissent les villageois rentrer chez eux. Sauf à Kfar Kassem, où le commandant du détachement de gardes-frontière donne ordre d'ouvrir le feu sur ceux qui seraient dehors malgré les consignes. 47 habitants de Kfar Kassem sont tués. Le drame choque tout le pays, le Premier ministre Ben Gourion ordonne une enquête. Et c'est depuis que les soldats de Tsahal ont l'obligation de refuser d'obéir à un ordre manifestement illégal, selon la formule du code militaire.

Depuis de longues années, les élus arabes de la Knesset tentent donc de faire reconnaitre le massacre. Mais c'est la première fois, 65 ans après les événements, que des députés arabes font partie de la coalition. Pour le parti islamiste Ra'am et les élus arabes du Meretz et du parti Travailliste, c'était donc une situation compliquée. D'un côté, ils savaient que leurs partenaires de droite de la coalition ne voteraient pas le texte et de l'autre, ils ne voulaient pas abandonner leurs revendications. Ce qui a donné lieu à un affrontement d'une violence sans précédent entre élus arabes de la majorité et de l'opposition. Le ministre Meretz Issawi Fredj monte à la tribune pour accuser ses collègues d'opposition de la Liste Arabe de chercher délibérément la provocation. Ils ont en effet refusé de retirer leur texte en échange d'un engagement du gouvernement à reconnaitre officiellement le massacre de Kfar Kassem. La députée de la Liste Arabe Aïda Touma Souleiman accuse Issawi Fredj, lui-même originaire de Kfar Kassem et qui a perdu des membres de sa famille dans le drame, de "collaboration avec le gouvernement et de révisionnisme du récit arabe". "Cela fait 73 ans que vous exploitez la souffrance arabe à des fins politiques" lui répond le ministre, qui se défend d'avoir cherché à enterrer le drame. S'en est suivi un échange d'insultes, jusqu'à ce que le ministre quitte la tribune, victime d'un malaise. Les députés juifs ont assisté silencieusement à la passe d'armes, à l'exception de l'élu ultranationaliste Itamar Ben Gvir, visiblement réjoui par la querelle.

Cet épisode, premier du genre, devrait être amené à se reproduire, alors que le parti Ra'am escompte faire passer un certain nombre de textes sectoriels. Le dilemme entre le service des intérêts des citoyens arabes israéliens et la crispation identitaire nationale n'a pas fini de diviser les députés arabes de la Knesset.

Pascale Zonszain

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