Les journalistes étaient nombreux à vouloir couvrir l’ouverture de ce procès sur un crime antisémite en France qui cette fois n’a pas connu les atermoiements de l’instruction comme ce fut le cas pour Sarah Halimi . C’est même "l’anti procès Halimi", se satisfait l’avocat de la famille William Goldnadel à la faveur d’une pause mardi matin .
Car les deux hommes aux casiers judiciaires remplis sont, eux, bien assis sur le banc des accusés. On sait déjà qu’ils ont l’habitude de mentir et qu’ils s’accusent mutuellement du crime atroce de la douce Mireille Knoll. Ils sont cote à cote et ne montrent pas beaucoup d’émotion cachés par leur masque. Ils ne se regardent pas et n’envoient aucun signal de la moindre compassion pour la famille Knoll et ses deux fils que nous saluons de notre coté.
Mireille Knoll, rappelle d’emblée le président, est cette octogénaire (8 décembre 1932) dont "le corps a été retrouvé le 23 mars 2018 sur le dos dans son lit médicalisé présentant des brulures et lardé de onze coups de couteaux. Découvert par les pompiers qui remarquent les boutons de gazières ouverts et cinq départs de feu dans ce HLM de l’avenue Philippe Auguste dans le 11ème arrondissement (décidément) cette survivante de la rafle du Veld ‘Hiv et atteinte de la maladie de Parkinson git animée.
Vision horrible ! Yacine Mihoub et Alex Carrimbacus sont donc jugés pour "meurtre sur personne vulnérable commis en raison de la religion de la victime". Les deux accusés écoutent la lecture du rapport du président Zentiara sans émotion.
Pour maitre Goldnadel que nous interrogeons "ce sont deux menteurs" et "l’affaire est purement antisémite et crapuleuse" les Juifs ont de l’argent . La mère de Yacine Mihoub, à la barre , le décrit elle aussi ,comme un habitué des bobards qui s’amuse à faire de fausses alertes à la bombe. Ca l’amuse.
Mais la cour remarque tout de suite que cet homme de 32 ans s’exprime de façon très claire, très froide. Il est manifestement malin voire intelligent . d’ailleurs en prison, il entend passer son bac littéraire. Il nie être impliqué dans les vols et dans le meurtre mais reconnaît "seulement !" l’incendie. Il récuse l’antisémitisme qui est crapuleux de surcroit conforter par l’un de ses avocats maitre Consigny qui accuse les juges de "n’avoir pas eu le courage d’abandonner ce chef d’accusation sous la pression publique" Ça donne le ton.
Zoulika Kellahf est accusée d’avoir "fait disparaitre des preuves". Elle a jeté le téléphone portable de Mireille Knoll , la bouteille de porto et deux verres bus dans son appartement; elle a même nettoyé le long couteau du crime et comparait libre. Cette petite femme de 60 ans nous dit que madame Knoll , sa voisine, était "sa seule amie" et qu’elle ne connaissait pas sa religion. Comprenez, elle ne savait pas que Mireille était juive. Voire.
Avec son fils Yacine, elle décrit des relations tendues. "À 17 ans, il a ouvert sa grande gueule comme quoi il avait été violé, quatre ans plus tôt, à l’internat", dit-elle. "Il est devenu quelqu’un d’autre, il boit, il tape ses sœurs, il m’a pourri la vie. J’aurais préféré lui mort, et pas sa sœur." Sa fille Sabrina est décédée d’une crise d’épilepsie en 2017. Elle n’a pas vraiment respecté son contrôle judiciaire et est entrée en contact plusieurs fois avec son fils pour savoir s’il allait bien, comme elle dit. S’il avait arrêté l’alcool et la drogue …en prison.
Gilet sombre, petites lunettes Yacine Mihoub raconte à la barre un père algérien violent et alcoolique, qui «lui mettait des patates». "Après le viol, j’ai commencé à changer", veut il nous convaincre . "C’est pas anodin pour un enfant de 13 ans ; j’ai dû grandir avec! J’voulais l’amour de ma mère rien que pour moi."
Dans les conversations interceptées par les enquêteurs, la mère conseillait à son fils de faire «le pauvre» devant les juges d’instruction: "Tu leur parles doucement, Yacine, gentiment, recommandait-elle. Tu fais quelqu’un qui est triste. Fais travailler ton visage devant ton miroir!"
C’est ce qu’il essaye de faire avec le président puis les avocats des parties civiles mais il est rattrapé par son tempérament arrogant, lui qui veut répondre du tac au tac. Sa stratégie qui consistait à faire croire qu’il est le maillon dominé par Alex Carrimbacus ne tient déjà plus la route. La cour comprend qu’elle a affaire au cerveau du crime abominable. Il faut dire aussi que dans cette longue première journée d’audience, le président a rappelé que Mihoud était acquis aux thèses antisémites et négationnistes faisant l’apologie de Coulibaly de Merah de Mehdi Nemouche. Comme la cour le dit "les documents retrouvés s’inscrivent dans une logique d’opposition au peuple juif".
Michel Zerbib
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