Dans sa chronique à 7h20 ce jeudi matin, Jean-François Strouf, directeur Adjoint de l’Espace Culturel et Universitaire Juif d’Europe (ECUJE) et président de JudaïQual – Réparons Le Monde est revenu dans le Morning d’Ilana Ferhadian sur Radio J, sur le mystère de dattes de plus de 2 000 ans désormais cultivées en Israël.
Trop souvent, les expertises scientifiques sont coupées les unes des autres, séparées par des barrières infranchissables. Aussi quand en 2004, Sarah Sallon, médecin britanno-israélienne reconvertie en botaniste se décide à frapper à la porte du département d'archéologie botanique de l'Université Bar Ilan, sa venue a pour le moins surpris. Elle venait chercher des "antiquités botaniques" Quand des archéologues trouvent sur des sites des graines, c'est à ce département qu'elles sont conservées.
C'est ce qui se passait jusqu'il y a 17 ans. Mais Sarah sait se montrer convaincue même si on la prend pour une gentille originale et elle obtient de repartir avec cinq de ces "antiquités botaniques", sur une collection de milliers de graines.
Les alliées convaincues de Sarah sont au moins deux ! Elle est allée trouver Elaine Solowey, spécialiste d'agriculture durable, dans le kibboutz Ketura dont nous parlons régulièrement dans cette émission et s'ensuit un dialogue surréaliste. Sarah affirme que ces graines qui viennent de Massada, trouvées en 1960, sont susceptibles de germer. Et quand Elaine lui demande de quand elles datent, elle lui répond dit 2.000 ans, ce qui semblait impossible à Elaine. L'environnement unique de la mer Morte a contribué à préserver les graines, non seulement en raison de l'aridité mais aussi de l'atmosphère, à 400 mètres au-dessous du niveau de la mer, qui y est la plus dense au monde.
C'est en mars 2005 que l'une de ces très anciennes dattes a germé. Sur les cinq graines données par l'université, seule celle-ci s'est développée. Deux avaient été gardées pour des recherches scientifiques, permettant grâce à la datation radiocarbone d'en confirmer l'ancienneté. C'est "Mathusalem" un palmier mâle qui a germé mais pour donner des fruits il fallait un palmier femelle.
Il a fallu aller chercher des femelles tout aussi antiques et l'une des graines venues de Qumran germe en un plant femelle, baptisé "Hannah" et transplanté en 2019. Dès l'année suivante, "Hannah" livre ses premières dattes. Puis c'est au tour de "Judith".
En août 2021, 800 dattes sont produites. Il y a quelques jours Judith sœur de Hannah germe à son tour. Comme aimait à le dire David Ben Gourion : "celui qui ne croit pas aux miracles en Israël n'est pas réaliste".
Jean-François Strouf
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