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Le ras-le-bol des internes israéliens

Israël.

Le ras-le-bol des internes israéliens
(Crédit: capture d'écran vidéo)

C'est l'épidémie de Covid qui a réveillé les revendications des internes en médecine. Depuis le début de la crise sanitaire, les hôpitaux ont dû ouvrir des unités Covid pour soigner les malades et ils ont organisé des gardes qui ne dépassent pas 12 heures par jour, étant donné les conditions particulièrement difficiles pour les personnels soignants. Ce qui signifie donc que c'est possible. Et les internes se sont engouffrés dans la brèche. On compte en Israël environ 6.500 internes en médecine. Une de leurs organisations, Mirsham, qui représente quelque 2.000 d'entre eux, a pris la tête du mouvement. Et ce sont les manifestations que l'on a vues ces deux dernières semaines, et qui ont atteint leur point d'orgue le 7 octobre, avec la lettre de démission collective remise au ministère de la Santé, pour marquer leur refus du plan de réforme proposé par les ministres de la Santé et de l'Economie, qu'ils jugent insuffisant.

Les responsables du mouvement affirment que des gardes de 26 heures aggravent les risques d'erreur médicale et sont donc dangereuses pour les patients et veulent les réduire à 16 heures. Et le plan élaboré par le ministère de la Santé prévoit une réduction de 26 à 18 heures, mais seulement dans un premier temps pour les hôpitaux de la périphérie et sans les services de chirurgie. La réforme ne sera élargie au reste des hôpitaux et des services que sur une durée étalée sur cinq ans, sans précision des modalités. Et c'est ce qui a ravivé la colère des internes. Mais il y a encore un acteur dans ce contentieux : l'Organisation Médicale israélienne, qui représente l'ensemble des médecins du pays. Et l'Organisation, consultée par le ministère de la Santé, estime que les revendications des internes ne sont pas réalistes. D'abord par le recrutement massif de personnel que cela va exiger, mais aussi - paradoxalement – parce qu'une réduction des heures de garde pourrait nuire à la qualité de la formation des internes. Un chirurgien, affirme l'Organisation,  doit pouvoir opérer dans des conditions de stress et seule une présence et une disponibilité longues leur donnent l'entrainement nécessaire. Et avec des gardes plus courtes, les jeunes médecins seront moins sollicités, verront moins de patients et acquerront donc moins d'expérience. Et puis, on peut abréger une consultation, mais pas une opération. Donc les futurs chirurgiens doivent s'entrainer à des gardes longues, que l'on peut en revanche réduire pour d'autres disciplines. Des arguments que certains internes rejettent.

Et puis, c'est aussi un conflit de génération, Les patrons et les professeurs ont appris leur métier avec des gardes qui parfois dépassaient les 30 heures d'affilée et regardent leurs cadets comme des enfants gâtés. Les plus jeunes leur répondent qu'ils ont en réalité oublié depuis longtemps ce que c'est que de ne pas sortir de l'hôpital pendant plus de 24 heures. Difficile, surtout pour un profane, de dire qui a raison. Mais la réalité est qu'Israël a effectivement besoin de plus de médecins, de plus de personnel soignant et administratif dans ses hôpitaux, et donc de plus d'argent. Et il y a encore trop de jeunes Israéliens qui vont étudier la médecine à l'étranger, notamment en Europe centrale, où les études sont moins chères. Mais les jeunes médecins israéliens sont motivés. Et avec leurs ainés, ils ont montré ce dont ils étaient capables face à l'épidémie de Covid. Il ne reste plus qu'à trouver un compromis pour que tout le monde, soignants et patients, y trouvent leur compte.

Pascale Zonszain

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