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Sous-marins: Israël va t-il bénéficier de l’échec de la France en Australie? La chronique de Daniel Rouach

Israël.

Sous-marins: Israël va t-il bénéficier de l’échec de la France en Australie? La chronique de Daniel Rouach
(Crédit: DR)

Dans sa chronique ce lundi matin à 7h08, le président la chambre de commerce Israël-France, Daniel Rouach, est revenu sur le contrat de sous-marins entre la France et l'Australie rompu par Canberra.

Quelques jours après avoir rompu un gigantesque contrat conclu en 2016 avec la France pour la fourniture de sous-marins conventionnels (valeur du contrat à la signature : $40 Milliards en 2016), le Premier ministre australien, Scott Morrison, a déclaré, dimanche 19 septembre, que le gouvernement français savait que Canberra avait déjà de « profondes et graves réserves » concernant les engins français.

En Israël très peu de commentaires publics ont eu lieu sur ce dossier. Mais il est clair que des professionnels israéliens du secteur de l’armement, interrogés par IsraelValley à partir de Paris, se frottent les mains car l’échec de la France laisse la place libre aux industriels alliés des américains, dont les spécialistes de l’Etat Hébreu tels que Elbit et IAI. L’industrie israélienne est sous traitante des Américains et est déjà hyper-active dans le domaine de la défense en Australie.

Israël possède une belle expérience en matière de sous-marins. Les Dolphin israéliens venant d’Allemagne sont des sous–marins extrêmement automatisés et informatisés. L’équipement électronique est développé par les firmes israéliennes Tadiran, Israel Aerospace Industries, Elisra, Elbit Systems et Rada Electronic Industries.

La compagnie Elbit Systems Ltd., la plus grande société privée de défense israélienne, a décroché en 2018 un contrat de 150 millions de dollars avec le département australien de la Défense, pour aider l’armée dans ses systèmes de gestion de la Défense. Le contrat décroché pr Elbit Systems pour Australa Pty Ltd. est un contrat sur 5 ans, avec possibilité de prolonger à 7 ans. « L’armée australienne est un partenaire stratégique d’Elbit Systems et ce contrat représente l’engagement d’Elbit Systems pour soutenir l’effort de numérisation de l’armée australienne », avait déclaré Yehuda (Udi) Vered, directeur général d’Elbit Systems Land et de C4I.

Un récent rapport intitulé « le Marché mondial des systèmes de sécurité maritime » donne le nom de l’entreprise israélienne qui va certainement bénéficier de l’élimination de la France en Australie. Il s’agit de Israel Aerospace Industries.

L’ex-Président Rivlin a visité l’Australie en février 2020. « Je ressens beaucoup d’excitation à l’idée de me rendre en Australie pour la première fois en tant que président », avait déclaré Rivlin avant son départ.

« Les relations entre Israël et l’Australie sont bien établies et ce sont des relations fortes. Elles se basent sur des valeurs partagées et sur une amitié réelle qui comble la distance énorme qui nous sépare – pas seulement des pays, des océans ou des créneaux horaires, mais également nos cultures et nos traditions », avait-il ajouté.

A noter : « L’avantage des sous-marins nucléaires proposés aux Australiens par les Etats-Unis est qu’ils n’ont pas besoin de remonter à la surface et peuvent rester immergés, donc furtifs, plus longtemps. À l’inverse, les sous-marins Français à propulsion conventionnelle (diesel-électrique) qui doivent faire surface régulièrement, s’exposant alors à la détection. Ils disposent donc d’une portée furtive bien moindre ».LE PLUS. SELON L’AFP (1).

« Je pense qu’ils [les Français] auraient eu toutes les raisons de savoir que nous avions de profondes et graves réserves quant au fait que les capacités du sous-marin de classe Attack ne répondaient pas à nos intérêts stratégiques, et nous avions clairement fait savoir que nous prendrions une décision en fonction de nos intérêts stratégiques nationaux », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Sydney.

Pour le premier ministre australien, il aurait été « négligent » d’aller de l’avant avec ce contrat malgré les conseils des services de renseignement et de la défense australiens, qui estimaient que cela irait à l’encontre des intérêts stratégiques du pays.

« Contrariété des Français »

Plus tôt dans la journée dimanche, le ministre de la défense australien, Peter Dutton, avait déclaré que son gouvernement avait été « franc, ouvert et honnête » avec la France sur ses préoccupations concernant l’accord, qui a dépassé le budget et pris des années de retard.

Le ministre a déclaré comprendre la « contrariété des Français », mais que « les suggestions selon lesquelles le gouvernement australien n’[avait] pas signalé ses inquiétudes [défiaient], franchement, ce qui est dans le dossier public et certainement ce qui [avait] été dit publiquement pendant une longue période ».

Il a notamment assuré avoir personnellement exprimé ces préoccupations à son homologue française, Florence Parly, et a souligné la « nécessité pour l’Australie d’agir dans son intérêt national ». Selon M. Dutton, Canberra n’était pas en mesure d’acheter des navires à propulsion nucléaire français, en raison des opérations de maintenance qui doivent avoir lieu tous les dix ans et qui prévoient le rechargement du combustible nucléaire, ce qui n’est pas le cas des sous-marins américains et justifie le choix de ces derniers, l’Australie ne disposant d’aucune centrale nucléaire.

« Nous n’avons jamais été mis au courant des intentions australiennes. [Ces] affirmations sont inexactes », a rétorqué Florence Parly, en déplacement à Niamey. « A aucun moment, d’aucune manière » la France n’a reçu « un signal clair que le contrat serait rompu », avait aussi démenti, dimanche, dans les colonnes du Guardian, l’ambassadeur de France en Australie, Jean-Pierre Thébault. « Le sentiment de trahison est très fort », ajoute-t-il.

Entretien téléphonique prévu entre Biden et Macron

La France, furieuse de la décision de l’Australie de se retirer de ce contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d’euros), a rappelé ses ambassadeurs en poste à Canberra et à Washington.

S’exprimant sur France 2 samedi, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, avait évoqué une « crise grave » et dénoncé une « duplicité » des Etats-Unis et de l’Australie. « Il y a eu mensonge, il y a eu duplicité, il y a eu rupture majeure de confiance, il y a eu mépris, donc ça ne va pas entre nous », a-t-il déclaré. Il a qualifié le retrait des ambassadeurs d’acte « très symbolique » visant à « montrer [aux pays] anciennement partenaires (…) qu’il y a vraiment une crise grave entre [la France et l’Australie] ».

Dimanche, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a cependant annoncé sur BFM-TV que le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait demandé un entretien à son homologue français, Emmanuel Macron, et qu’il y aurait « un échange téléphonique dans les tout prochains jours ».

Il y aura de la part de M. Macron « une demande de clarification », a précisé M. Attal, ajoutant que la France voulait « des explications » sur ce qui « s’apparente à une rupture de confiance majeure ». Le porte-parole du gouvernement a de nouveau dénoncé une décision « secrète et confidentielle » de la part des alliés de la France, notamment de l’Australie. « Il y a eu un choc et une colère légitimes [après l’annonce de la rupture du contrat], a poursuivi Gabriel Attal, [mais] maintenant il faut avancer. » La veille, Jean-Yves Le Drian avait à nouveau affirmé que la façon de faire de Joe Biden « [ressemblait] à celle de Trump, sans les tweets ».

Daniel Rouach

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