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Les premiers tests de Mansour Abbas

Israël.

Les premiers tests de Mansour Abbas
(Crédit: porte-parole de la Knesset)

Les premiers jours du gouvernement Bennett se sont déroulés sans casse. Et pourtant, moins de 48 heures après son investiture, il a dû passer sa première épreuve avec la Marche des Drapeaux organisée à Jérusalem et qui aurait pu déclencher un conflit avec le parti Ra'am. Mais le parti arabe, issu du Mouvement islamique, s'est contenté de dénoncer une provocation de la droite nationaliste. Mansour Abbas s'est abstenu de réclamer l'annulation du cortège dans les rues de la vieille ville de Jérusalem ou de mettre sa démission dans la balance. Même les frappes de l'aviation de Tsahal à Gaza, en riposte aux dizaines de ballons incendiaires lancés par le Hamas contre l'ouest du Néguev, n'ont pas suscité de réaction excessive du parti islamiste.

Il était difficile d'imaginer une telle modération, moins d'un mois après la confrontation avec le Hamas et les émeutes, parmi les plus violentes qu'aient connues les villes israéliennes à population mixte. Et pourtant, Mansour Abbas a conservé la ligne pragmatique qu'il avait justement suivie durant les émeutes de début mai, alors qu'il avait déjà entamé les négociations avec Yaïr Lapid en vue de son entrée dans la coalition. C'est que, contrairement à l'idéologie des autres partis arabes israéliens, le parti islamiste Ra'am est tout à fait capable de modifier son ordre de priorités et de mettre les enjeux civils avant les enjeux nationalistes. La solidarité automatique avec les Palestiniens pratiquée par les trois autres partis arabes, est moins vitale pour un parti qui veut d'abord faire avancer la cause de l'islam et pour cela améliorer les conditions de la société arabe israélienne, ce qui lui permet d'y accroitre son influence.

Il faut maintenant voir ce que les quatre députés du Ra'am feront pour la deuxième épreuve : celle de la prorogation de la loi sur l'interdiction du regroupement familial. Cette loi, votée durant la 2e intifada interdit aux Arabes israéliens mariés à des Palestiniens de faire venir leur conjoint des territoires autonomes. Ce texte, qui s'inscrit dans la lutte contre le terrorisme, doit être reconduit chaque année et cela a été le cas jusqu'à aujourd'hui. Mais la présence dans la coalition d'un parti arabe, pourrait évidemment changer la donne, surtout si les partis de droite de l'opposition refusent de soutenir la motion, comme ce pourrait aussi être le cas des élus du parti de gauche Meretz.

Mansour Abbas joue pourtant gros dans ce nouveau test. D'un côté il risque de se discréditer auprès d'une partie du public arabe s'il ne vote pas contre la loi. Mais de l'autre, il pourrait perdre tout ce qu'il a investi pour améliorer le sort de la population arabe israélienne, notamment les projets de régulation de la construction et de lutte contre la criminalité. Et le dilemme s'étend aussi aux autres partis de la coalition. Le pari d'intégrer un parti arabe dans le processus politique israélien est une étape majeure. Elle peut marquer le début d'un changement conceptuel à long terme sur l'intégration de 20% de la population israélienne. Ou bien se limiter à un arrangement à court terme pour permettre la survie d'une coalition hétéroclite. Il n'est pas certain qu'un parti islamiste soit le meilleur partenaire, que ce soit pour les Juifs ou pour les Arabes israéliens. Mais la réalité oblige parfois à des compromis. Et les deux populations ont commencé à y réfléchir.

Pascale Zonszain

pzoom180621

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