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Le syndrome de Jérusalem

Israël.

Le syndrome de Jérusalem
(Crédit: police israélienne)

Ce n'est pas la première fois que Jérusalem se retrouve au cœur des tensions. Cette fois-ci pourtant, les circonstances sont un peu différentes, même si elles produisent les mêmes effets. D'abord, il y a le Covid et les confinements à répétition qu'il a imposés à la population. Or, ceux que l'on a vus dans les rues de la capitale israélienne se livrer à des actes de violence étaient des jeunes, voire des très jeunes. Et ils sont ceux  qui ont le plus difficilement supporté l'enfermement et l'inaction forcée. Et des deux côtés, il s'agit d'adolescents et de jeunes gens qui socialisent d'abord dans la rue. Leur comportement violent de ces derniers jours s'apparente beaucoup au phénomène des bandes rivales qui se cherchent querelle dans toutes les cités du monde. Côté juif, ce sont d'ailleurs pour beaucoup des adolescents du secteur orthodoxe en situation de décrochage scolaire et qui trainent jusque tard dans le centre-ville. Voilà pour l'aspect sociologique.

A cela s'ajoute évidemment un contexte politique. Jérusalem est un lieu hautement sensible, même si la plupart du temps, la cohabitation se déroule sans incident. Mais avec le mois du Ramadan, cela change toujours un peu la donne. Et la nuit venue, après la journée de jeûne, les abords de la vieille ville et les quartiers limitrophes deviennent le lieu où se croisent les deux populations, ravivant les risques de friction et de violence. C'est ce qui s'est produit ces jours derniers, avec un amplificateur supplémentaire : celui des réseaux sociaux. Tout a commencé avec une vidéo postée sur TikTok, où un jeune Arabe gifle un ado juif dans le tramway de Jérusalem. Les images ont fait des émules chez les Arabes et des incidents similaires se sont multipliés. Et côté juif, c'est donc chez les jeunes que l'émotion et la colère sont montées.

Et surtout, elles ont été récupérées par des nationalistes extrémistes, comme l'organisation Leava, qui a appelé jeudi soir à une manifestation dans le centre de Jérusalem. Le cortège était censé aller jusqu'à la Porte de Damas. Mais la police s'est interposée, pour éviter une confrontation directe. Cela n'a pas empêché des accrochages ponctuels, dont plusieurs, qui ont visé des Juifs, ont rapidement dégénéré en tentative de lynchage. C'est d'ailleurs aussi un des effets indirects de la paralysie politique de ces dernières semaines avec, à la fois, l'entrée à la Knesset de députés juifs ultranationalistes, et le rapprochement du Likoud avec le parti islamiste Ra'am qui ont contribué à exacerber les tensions.

A ces différents facteurs, il faut encore ajouter l'angle politique palestinien. A Jérusalem, les Arabes sont des résidents et non des citoyens israéliens et ils peuvent participer aux élections de l'Autorité Palestinienne. Le Hamas, qui est bien placé pour mettre fin à plus de 25 ans de pouvoir du Fatah en Cisjordanie, ne se prive pas d'attiser les tensions, en reprenant le mot d'ordre islamiste de "Al Aqsa en danger" qui sert régulièrement de prétexte à des émeutes sur le Mt du Temple, en accusant Israël de violer le statu quo et de "judaïser" les mosquées. Et quand la fièvre monte à Jérusalem, elle se propage rapidement aux territoires palestiniens, comme l'a signalé le Hamas en tirant ce weekend, près de quarante roquettes sur l'ouest du Néguev. Le potentiel explosif est réel. Il s'agit maintenant de le désamorcer.

Pascale Zonszain

pzoom260421

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