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Me Muriel Ouaknine-Melki: "Nous attendions une décision sage" ‌

France.

Me Muriel Ouaknine-Melki: "Nous attendions une décision sage" ‌
(Crédit: DR)

Dans l’affaire Sarah Halimi, la décision de la cour de cassation a été rendue à 14h: la responsabilité pénale du coupable, Kobili Traoré n’est pas reconnue. Les avocats des proches de Sarah Halimi veulent désormais saisir la Cour européenne des droits de l’Homme.

Lors de la conférence de presse, mercredi 14 avril, où se trouvaient de nombreux médias, dont Radio J, les avocats des proches, Me Oudy Bloch, Me Stéphanie Cohen, Me Nicolas Benouaiche, Me Muriel Ouaknine Melki et Me Julie Buk Lament, sont revenus sur quelques points fondamentaux de cette affaire, qui a suscité beaucoup d’incompréhension et d’indignation.

Sarah Halimi, sexagénaire, de confession juive avait été sauvagement assassinée par son voisin, Kobili Traoré, musulman, qui aurait crié "Allah Akbar", "J’ai tué le Sheitan", après l’avoir battue pendant une vingtaine de minutes, et défenestrée, en avril 2017. 

Ce que les avocats attendaient de cette décision était que la chambre criminelle opère un changement de jurisprudence. Selon eux, ça aurait été une décision courageuse. La cour a jugé que le discernement du coupable était aboli au moment du meurtre en raison de la prise de stupéfiants, or sa consommation régulière de cannabis était bien volontaire. Malgré ça, les juges l’ont reconnu irresponsable pénalement. Me Ouaknine Melki : "Nous attendions une décision sage", et en tant que Présidente de l’OJE (Organisation des Juifs d’Europe), a livré un "message de peine", aussi à tous les citoyens de confession juive, dont la montée massive vers Israël est à prévoir. "Les Juifs doivent-ils prendre leur propre disposition pour leur propre sécurité ?" 

Le deuxième message porte sur la question de l’état de la justice française. Le cas de Kobili Traoré aura forcément un impact sur l’ensemble de la société, puisque désormais il laisse désormais la porte ouverte à toutes formes de délits ou crimes qui resteraient impunis. "Les conséquences pour la société sont graves : on peut désormais prendre des stupéfiants à haute dose et bénéficier d’une irresponsabilité pénale". Me Oudy Bloch, l’un des avocats de la famille Halimi, se dit extrêmement déçu mais pas véritablement surpris par la décision. 

Les avocats sont également revenus sur différentes affaires, teintées d’antisémitisme, en France, comme l’affaire Mireille Knoll en 2018, Ilan Halimi en 2006, ou bien les récents tags antisémites sur les façades de Sciences Po, affaires au cours desquelles les auteurs sont restés impunis et ce malgré l’évidence du caractère antisémite. En octobre 2020, des croix gammées rouges avaient été taguées rue de Rivoli ainsi que rue de Varenne sur la façade du musée Rodin. L’homme a été reconnu coupable par le tribunal correctionnel de Paris, mais a été déclaré irresponsable et hospitalisé en psychiatrie. Me Ouaknine Melki est revenue sur l’absurdité de ce cas et de la longue bataille menée pour faire reconnaître le caractère antisémite à taguer des croix gammées. En tout, douze personnes juives ont été tuées sur le sol français en raison de leur appartenance religieuse. Pourquoi la justice ferme-t-elle les yeux ? Il est donc légitime de se poser des questions sur l’état de la justice française. 

Au sujet du cas spécifique de Sarah Halimi, ce qui suscite l’indignation, en plus du fait que la justice n’admet pas que le crime est antisémite, ce sont les nombreux éléments manquants à de nombreuses questions. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’expertise téléphonique de M. Traoré, alors qu’il aurait parlé à sa mère au moment des faits ? Pourquoi la police n’est-elle pas intervenue, alors qu’elle était présente sur les lieux au moment du massacre de Sarah Halimi ? Pourquoi la juge d’instruction n’a-t-elle pas accordé la reconstitution des faits, alors même que Kabili Traoré était prêt à le faire ? "J'aimerais offrir ça à la famille de Sarah Halimi." Les avocats s’interrogent sur la volonté des magistrats à vouloir connaître la vérité. 

Désormais la partie civile va saisir la Cour européenne des droits de l’Homme. Les avocats estiment que le droit au procès et à la justice de Sarah Halimi a été bafoué. 

Lucie Claudon

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