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Et si on quittait Tel Aviv ? Le Coronavirus réconcilie Israël avec sa périphérie

Israël.

Et si on quittait Tel Aviv ? Le Coronavirus réconcilie Israël avec sa périphérie
(Crédit: GPO)

Le rêve de Ben Gourion va-t-il enfin se réaliser ? Le fondateur de l'Etat d'Israël voulait repeupler tout le pays, quand la population continuait à se regrouper autour des grandes villes. Jusqu'à aujourd'hui, les Israéliens sont restés formatés par les règles du Mandat Britannique, qui interdisaient aux Juifs de s'installer au-delà de la ligne Hadera-Gedera, c'est-à-dire, en gros la plaine côtière centrale. Voilà pour l'histoire.

Avec l'épidémie de Covid, les Israéliens se sont retrouvés confrontés à de longues périodes de confinement – ils en sont déjà à la troisième-. Ceux qui le pouvaient ont dû se mettre au télétravail, tandis que leurs enfants, eux aussi devaient suivre leurs cours sur ordinateur. Et c'est là que certains ont eu envie de changer d'air. Plutôt que de rester dans des petits appartements de Tel Aviv et de sa banlieue, pourquoi ne pas s'installer plus loin du centre, mais avec une meilleure qualité de vie, et aussi moins coûteuse ?

Même s'il est trop tôt pour dire si le phénomène sera durable, on peut déjà constater qu'entre les mois de juin et août dernier, les ventes d'appartements à Tel Aviv ont reculé de 3% et même de près de 10% pour la région du centre, par rapport à la même période en 2019. Et surtout que les ventes de logements ont augmenté partout ailleurs.

Les entreprises de high-tech, qui sont les plus adaptées à la formule de télétravail, sont intéressées à poursuivre le système après la crise sanitaire. Elles pensent à une formule hybride, qui permettrait de conserver un ou deux jours par semaine en présentiel, pour les réunions importantes et pour maintenir la cohésion de l'entreprise, y compris en ayant recours à de la location d'espaces près du domicile de leurs salariés. Une combinaison qui peut se réaliser sans trop de difficultés, vu la taille réduite du pays. Et le modèle pourrait se décliner pour d'autres secteurs qui n'exigent pas la mobilité ni la présence physique sur le lieu de production. Plus de 60% des Israéliens se disent prêts à travailler de chez eux, selon une étude du Bureau Central des Statistiques.

Mais il reste encore beaucoup à faire. Le désenclavement de la périphérie israélienne est, on l'a compris, un problème ancien et récurrent. Cela fait des décennies que le gouvernement israélien tente, sans succès, de convaincre des familles, mais aussi des entreprises de s'éloigner du centre du pays. Et si la question de l'emploi peut évoluer favorablement avec l'expérience de la crise sanitaire, il faut encore répondre à tous les autres besoins. Les localités de périphérie sont encore très en retard pour tout ce qui concerne la santé, l'éducation, ou la culture. Les grands hôpitaux sont presque tous dans le centre, les meilleurs établissements scolaires aussi, sans parler des lieux de loisirs et de divertissement.

Il faudra donc procéder à un réaménagement global, y compris pour les services et les infrastructures. La couverture et la qualité des communications internet doivent être améliorées. Il faut aussi renforcer le réseau des transports publics, routier et ferroviaire vers la Galilée et le Néguev. Et aussi, probablement envisager une décentralisation institutionnelle, pour donner davantage de pouvoirs aux collectivités locales. Et alors, le Covid aura peut-être au moins servi à quelque chose.

Pascale Zonszain

pzoom280121

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