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Itzhak Rabin, 25 ans

Israël.

Itzhak Rabin, 25 ans
(Crédit: DR)

Un quart de siècle, une génération complète depuis l'assassinat du Premier ministre israélien Itzhak Rabin. C'est aujourd'hui sur le calendrier hébraïque que correspond la date du 4 novembre 1995. Ceux qui ont 25 ans aujourd'hui en Israël, n'ont qu'une notion assez vague de ce qu'a représenté le drame pour leurs parents et leurs ainés. Pour beaucoup de ces jeunes adultes, l'engagement politique n'est pas une priorité. Quant au processus de paix israélo-palestinien, il appartient pour eux à un monde révolu. Ils ne comprennent pas vraiment ce qui a pu diviser leur pays à l'époque des Accords d'Oslo, ni comment ces divisions ont pu conduire à un assassinat politique.

Sans comparer ce qui n'est pas comparable, cette année est peut-être la plus éprouvante que les Israéliens aient traversé depuis 1995. Il y a 25 ans, Facebook n'existait pas et l'internet n'en était qu'à ses débuts. Alors l'expression politique se faisait dans la rue. Adversaires et partisans des accords israélo-palestiniens organisaient leurs rassemblements et leurs manifestations et le débat devenait de plus en plus tranché. Jusqu'à tourner au dialogue de sourds. Une fois pour toutes, la gauche accusait la droite de chercher la guerre et la droite accusait la gauche de trahison. Avec les volte-face d'Arafat mais aussi les premiers attentats, la cote de popularité d'Itzhak Rabin reculait régulièrement dans les sondages, mais le reste du pays fonctionnait. L'économie s'ouvrait au monde, l'alyah des Juifs d'URSS donnait un nouvel élan et accélérait aussi l'avènement de la startup nation, le niveau de vie montait. Bref, le climat économique était à l'optimisme.

25 ans plus tard, la cote du Premier ministre chute dans les sondages, le taux de chômage n'a jamais été aussi haut et l'avenir économique est sombre pour tout le monde. La pandémie est passée par là. Tous les Israéliens sont inquiets, la contestation est un exutoire, mais elle ne suffit pas à évacuer les angoisses et les tensions. Les plus âgés regrettent un modèle social disparu, les plus jeunes redoutent la fracture sociale. Une enquête de l'Institut pour la Démocratie Israélienne constate que 45% des Israéliens pensent qu'un nouvel assassinat politique est possible. La division de leur société inquiète les Israéliens qui sont 71% à dénoncer un climat d'incitation à la haine, dont chaque secteur de la société se croit la cible et en accuse la classe politique et les médias.

Dans cette société israélienne qui ne tourne plus tout à fait rond, les cérémonies de commémoration de l'assassinat d'Itzhak Rabin semblent appartenir à un univers parallèle. D'autant qu'elles auront lieu seulement par écran interposé, pour cause de crise sanitaire. Elles devraient pourtant servir de respiration, d'occasion de revenir sur les fondamentaux du projet sioniste. Les Israéliens ont déjà payé le prix fort de la division et ils ont réussi à la surmonter. Avec un peu plus de confiance et de solidarité, ça devrait encore fonctionner.

Pascale Zonszain

pzoom291020

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