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Première pluie à Jérusalem

Israël.

Première pluie à Jérusalem
(Crédit: DR)

En Israël, la première pluie est toujours un événement. Hier, c'est à Jérusalem qu'elle a commencé. Un peu après quatre heures de l'après-midi, c'est un seul nuage qui a subitement percé, avec de grosses gouttes éparses qui laissent sur le sol des taches de la taille d'une soucoupe. On lève la tête, un peu étonné, car le soleil brille toujours, même si au loin, le tonnerre commence à gronder au-dessus des collines de Judée.

Peu à peu, la pluie se fait plus intense, plus serrée. Cette fois, plus de doute, ça ressemble bien au Yoreh, la première pluie mentionnée dans les prières, celle que l'on attend dès la fin du mois de Tichri. Elle marque la fin de la saison sèche, et généralement, elle ne prévient pas. Durant plus d'une heure, elle va arroser la capitale israélienne. La terre, les plantes et les arbres exhalent un parfum caractéristique, que l'on ne sent qu'à la fin de l'été. Et comme toujours, le premier réflexe est de sortir dans la rue. Les enfants poussent des cris de joie, les adultes tendent la tête pour mieux sentir la pluie. Mais la sensation n'est pas tout à fait la même. Forcément, le masque. Pendant quelques instants, on l'avait oublié.

On avait oublié l'épidémie, le confinement, les écoles qui ne rouvrent pas, les statistiques du virus, les manifestations, les commerces fermés, les invectives des politiques, les tensions au sein de la coalition, la menace de nouvelles élections, la peur de la contagion, le compte en rouge à la banque. Pendant quelques instants, les habitants de Jérusalem ont oublié le Covid. L'automne est revenu, comme un goût de normalité. Comme tous les ans, les chaussées et les trottoirs se sont transformés en patinoires, les voitures ont soulevé des gerbes d'eau sale, les pelouses jaunies sont devenues boueuses, les gouttières ont commencé à couler comme des robinets. Mais cette fois, on regrettait presque que ça ne dure pas plus longtemps.

La première pluie a donné envie d'être optimiste. Puisque l'automne est à l'heure, c'est que tout est possible. Les Emirats Arabes Unis viennent sceller la paix en Israël, soixante-dix députés de la Knesset de la majorité et de l'opposition signent une charte de bonne conduite et s'engagent à faire preuve de respect les uns envers les autres et de préserver le débat démocratique sans s'injurier à la moindre occasion. La courbe du Covid s'infléchit régulièrement et les agglomérations ultra-orthodoxes sortent l'une après l'autre de la zone rouge.

Même si on est encore loin du compte, pendant une heure hier à Jérusalem, la pluie a balayé la poussière accumulée de la crise sanitaire. L'air était plus léger. Ce n'est pas beaucoup, mais dans cette réalité anxiogène, c'est déjà un luxe.

Pascale Zonszain

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