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Le calcul risqué de Benny Gantz pour s'imposer face à Benyamin Netanyahou

Israël.

Le calcul risqué de Benny Gantz pour s'imposer face à Benyamin Netanyahou
(Crédit: DR)

Le gouvernement israélien n'a d'union que le nom. Depuis son investiture, il y a bientôt cinq mois, il n'a jamais trouvé son rythme de croisière ni son harmonie. Pour entrer dans la coalition, Benny Gantz s'était séparé de la moitié de son parti Bleu Blanc, qui n'avait pas voulu le suivre dans son alliance avec le Likoud de Benyamin Netanyahou. Malgré la formation d'un gouvernement paritaire, le leader centriste s'est en réalité retrouvé en minorité, puisque son soutien à la Knesset est de moitié inférieur à celui du Likoud. Et quoiqu'il en dise, depuis le début, Benny Gantz, s'est incliné à chaque bras de fer avec Benyamin Netanyahou, alors que le gouvernement peine à fournir des résultats dans la crise du Covid.

Les manifestations, qui se poursuivent depuis le début de l'été et en dépit du reconfinement, ne prennent plus seulement pour cible le chef du gouvernement israélien. La contestation a commencé à viser aussi les ministres centristes et le soutien de l'opinion pour Bleu Blanc s'étiole de sondage en sondage. Le gouvernement a déjà frôlé la rupture fin juillet, alors qu'il était censé présenter son projet de Loi de Finances. Un compromis de dernière minute, qui a repoussé le délai jusqu'à la fin de l'année, avait sauvé la coalition de l'éclatement et le pays de nouvelles élections.

Mais ces dernières semaines, c'est le débat sur la limitation des manifestations qui a ravivé les tensions. Fin septembre, un ministre centriste a même brandi la menace de la démission, avant de rentrer dans le rang. Depuis, Benny Gantz a apparemment estimé qu'il ne pourrait plus se permettre d'autres concessions, sans y perdre définitivement sa crédibilité et son avenir politique.

D'où l'annonce vendredi après-midi, de la démission du ministre du Tourisme Assaf Zamir, qui cette fois, n'avait rien d'impulsif. Le mouvement, clairement soutenu par l'état-major de Bleu Blanc, a été suivi d'une offensive médiatique, pour montrer que le parti reprenait la main. Le calcul de Benny Gantz est simple. La situation politique est mauvaise pour lui, mais aussi pour Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre israélien est affaibli dans l'opinion, tant par les manifestations contre lui, que par la défiance croissante du public sur sa gestion de la crise sanitaire et économique. Et cet affaiblissement du Likoud et de son chef, sert les intérêts d'un autre parti de droite, le Yemina de Naftali Bennett. Dans ce contexte, des élections à la fin de l'année feraient courir à Netanyahou le risque de se faire doubler par Bennett. Donc, le patron du Likoud a aussi peu d'intérêt à provoquer des élections anticipées que le leader de Bleu Blanc. Moralité: le chef du gouvernement israélien et son Premier ministre suppléant sont condamnés à rester ensemble, au moins le temps de redresser la barre.

La manœuvre de Gantz peut fonctionner si aucun autre événement ne vient bouleverser ses plans, comme un départ du numéro deux de Bleu Blanc Gaby Ashkenazi, qui déciderait d'abandonner le navire pour tenter sa chance, ou tout autre coup de théâtre dont la politique israélienne a le secret. Par les temps qui courent, les stratégies les plus élaborées sont à la merci d'un virus qui lui, ne fait pas de politique.

Pascale Zonszain

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