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Les ultra-orthodoxes, maillon faible face au Covid ?

Israël.

Les ultra-orthodoxes, maillon faible face au Covid ?
(Crédit : DR)

La confiance du public israélien dans ses institutions et ses représentants est le facteur déterminant de la crise sanitaire. Elle l'est peut-être encore plus dans le public ultra-orthodoxe. Le déroulement de la journée de Kippour a été à cet égard un test grandeur nature. C'est au sein de certaines communautés harédites que l'on a vu des violations des consignes de confinement et de distances sociales fixées vendredi dernier par le gouvernement. A Jérusalem, lundi soir, à l'issue du jeûne, un rassemblement de plusieurs milliers de fidèles de la communauté hassidique de Belz a dû être dispersé par la police.

C'est au sein de ce public que les consignes ont le plus de mal à passer, principalement du fait des messages contradictoires qui émanent des dignitaires religieux. Si certains coopèrent avec les autorités sanitaires et politiques, d'autres rejettent catégoriquement les mesures. Aucune autorité ne parait suffisamment influente pour rassembler l'ensemble du public ultra-orthodoxe. Même les élus politiques des partis orthodoxes semblent plus suivre le mouvement qu'en être les guides. Cette défiance se traduit par des comportements qui varient selon les communautés, qui se referment sur leurs propres leaders. Ce qui donne par exemple une rupture partielle de contacts entre les responsables sanitaires et les institutions harédites. Ainsi, le préposé aux relations avec le secteur ultra-orthodoxe dans la lutte contre le Covid, reconnait que sur 40 000 étudiants de yéshiva, 10 000 refusent toute forme de coopération. Ce qui signifie que les dirigeants de leurs établissements ne font pas tester leurs élèves et ne surveillent pas leurs sorties ni leurs mouvements. Une absence de coordination qui se traduira forcément par de nouveaux cas de contamination.

Ce qui avait commencé par l'obstruction de quelques courants marginaux, s'est peu à peu étendu à d'autres composantes du secteur harédi. En l'absence de prises de position claires des principaux chefs de mouvements religieux, ce sont les rabbins locaux, les directeurs de yeshivot qui dictent leurs consignes, parfois discordantes. Ce qui ajoute à la confusion du public, qui ne sait plus à qui il doit obéir et qui essaie de faire au mieux, c'est-à-dire de préserver son mode de vie habituel. S'il faut envoyer les jeunes à l'école, au talmud Torah et à la yéchiva pour qu'ils ne soient pas livrés à eux-mêmes, alors on les envoie en cours, même au risque de multiplier les cas de contagion. Et la vie sociale et économique des communautés orthodoxes doit être préservée, donc par devoir de solidarité, on continue à travailler et à circuler. Quitte à tricher avec les consignes générales et à voyager en bus affrété spécialement d'une ville à l'autre en expliquant au barrage de police que l'on se rend à une manifestation.

Ce qui se passe dans la communauté ultra-orthodoxe israélienne pourrait être un avant-goût de ce qui touchera le reste de la société, si les mesures de confinement, qui devraient être prolongées de plusieurs semaines, ne sont pas rapidement accompagnées d'un programme clair de sortie de crise, et des objectifs de réduction du nombre de nouveaux cas de Covid.

Pascale Zonszain

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